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26 novembre 2006

Programme Histoire Romaine, 2ème année Fac

Programme Histoire Romaine, 2ème année Fac Histoire, 1er semestre

Histoire ancienne

La République Romaine

509 - 27 av. J.C.

J.-M. Roddaz et M. ?

Université Michel de Montaigne

Octobre - Décembre 2005

Introduction

par J.-M. Roddaz

Les institutions romaines

par J.-M. Roddaz

Des guerres puniques aux Gracques

par M. ?

Chapitre I : Rome et la Méditerranée au début du IIIe siècle

Chapitre II : La Ière Guerre Punique ou Guerre de Sicile (264 - 241)

Chapitre III : L’entre deux guerres (241 - 219)

Chapitre IV : La IIème Guerre Punique (218 - 202)

Chapitre V : L’impérialisme romain au IIeme siècle (200 - 129)

Chapitre VI : Une conquête aux répercussions profondes

Chapitre VII : Les Gracques (133 - 121)

Des Gracques à la bataille d’Actium

par J.-M. Roddaz

Chapitre VIII : Optimates et Populares

Chapitre IX : Guerre sociale et guerre civile

Chapitre X : Pompée et César

Chapitre XI Le second triumvirat

Introduction

La République romaine s’étend de 509 à 27. 509, date à laquelle les romains chassent les rois

étrusques et 27, où suite à sa victoire sur Antoine et Cléopâtre, Octave prend le titre d’Auguste.

De cette longue histoire, notre étude va se consacrer sur les temps importants de la République, à

savoir :

- Les institutions et le triptyques populum, senatus, magister

- Les guerres puniques de 264 à 146 : le conflit romano-carthaginois va voir Rome devenir la

puissance mondiale, modifiant sa culture, sa vie politique, sa civilisation.

- La conquête romaine (conséquence de la victoire sur Carthage), en Orient et en Occident.

- La crise de la République et la fin de la cité-état au profit de la monarchie (le principat). Quel en

a été le chemin ? Comment en est on arrivé là ?

Bibliographie sommaire

1. Manuels élémentaires :

- Y. Perrin, T. Bauzou, De la cité à l’Empire - Histoire de Rome, Paris, Ellipses, 2003

- M. Le Glay, J.-L. Voisin, Y. Le Bohec, Histoire romaine, Paris, PUF, 2005

- M. Kaplan (sous la dir.), Le monde romain, Paris, Bréal, 1995

- J.-P. Martin, A. Chauvot, Histoire romaine, Paris, Armand Colin, 2003

2. Ouvrages plus difficiles :

- Cl. Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen 264 - 27 av. J. C., Paris, 2001,

PUF

- Pigagniol, La conquête romaine, Paris, PUF, 1967

- F. Hinard (sous la dir.), Histoire romaine, Paris, Fayard, 2000

La question des sources en histoire romaine

Le travail de l’historien est de se confronter aux sources. Quelles sont elles ?

- Les sources écrites ou littéraires

Ce sont des textes anciens. ce sont les sources les plus nombreuses, on distingue :

- Les sources primaires, ce sont des témoignages, des récits de contemporain.

- Les sources secondaires, elles sont l’oeuvre d’historiens, pas toujours fiable.

- Les sources épigraphiques

Ce sont les inscriptions que l’on retrouve ça et là. Ce sont des sources peu utilisables, elles sont

courtes, brèves et généralement fiables, elles ne mentent pas. Mais elles sont difficiles à interpréter, à

commenter, le commentaire doit être fait mot à mot.

- Les sources numismatiques

Les pièces de monnaies sont des sources précieuses car elles sont des outils de propagandes

idéologiques.

- Les sources archéologiques

La République romaine

( 1 )

Les institutions romaines

“Nous sommes tous des citoyens romains”. Marc Bloch.

À Rome, 1/3 de l’année était consacrée aux élections, on était presque tout le temps en période

électorale.

La République romaine était composée du triptyque : Populus / Senatus / Magistrats

I – Populus

Le populus était composé de citoyen. Pour être citoyen, il fallait être de né de parents romains. Seuls

les enfants d’esclaves affranchis devenaient des citoyens. Au début de la République, les citoyens

composent la majorité de la population, mais avec les conquêtes, les citoyens deviennent minoritaires.

Les citoyens sont des égaux au point de vue juridique, ils jouissent de droits et de devoirs.

1 - Les droits :

- ius conubii, le droit de mariage, le droit d’hériter.

- ius commercii, droit de propriété et de commercer.

- prouocatio ad populum, le droit de faire appel devant le peuple d’un jugement.

- ius suffragii ou droit de vote : élection des magistrats, participation aux comices.

Le citoyen n’a pas forcément le droit d’être élu, le système romain est censitaire, la participation à la vie

politique est lié à des contingences financières. L’égalité était proportionnelle : il dépendait du cens (un

niveau de richesse). Les riches qui ont plus de droit on aussi plus de devoir. De plus, les charges de

magistrats sont extrêmement coûteuses et le magistrat doit rendre des comptes à la ville.

2 - Les comices :

def : Dans la Rome antique, le peuple romain est assemblé selon différents cadres, qui diffèrent selon les occasions. Ces assemblées du peuple sont appelées comices et sont au nombre de trois : * les Comices curiates* les Comices centuriates* les Comices tributes.

- Les comices centuriates (comitia centuriata) suivent le schéma militaire, c’est l’assemblée du

peuple en arme. Les citoyens sont rangés en classes, en centuries en fonction du cens. On dénombre

193 centuries, chaque centurie possède une voix. Les comices centuriates se réunissent hors du

pomoerium, sur le champs de Mars.

Les comices centuriates ont des compétences politiques (élection des magistrats supérieurs :

préteurs, consuls, censeurs), législatives (rôle déclinant au profit des tributes), militaires (participation

aux décisions concernant les déclarations de guerre), judiciaire (juridiction criminelle, jugement en cours

d’appel dans les procès entraînant mort, exil, flagellation).

- Les comices tributes (comitia tributa) organisent le populus en fonction de sa tribu

d’appartenance. De 4 tribus, on est passé à 35 tribus. Ce comice est plus égalitaire car fondé sur un

critère géographique. On distingue tribus rustiques et urbaines. Il faut noter qu’on ne peut changer de

tribus.

Les comices tributes ont des attributions politiques (élection des magistratures inférieurs : édiles et

questeur), législatives (vote de la loi note :Le Sénat ne vote jamais la loi) et judiciaire (droit de juger de

certains délits).

La République romaine

( 2 )

3 - Les devoirs :

- Tout citoyen entre 17 et 60 ans doit servir l’armée et effectuer au cours de sa vie, 10/12/15

campagnes. Au début, les guerres sont très courtes, mais avec l’agrandissement de l’Empire, les

guerres se font plus longues. En 107, Marius abolit le cens pour recruter son armée.

- Tout citoyen doit payer l’impôt : le tributum (une contribution ce qui implique la possibilité

d’un remboursement) qui permet de financer les campagnes. En 168, la victoire de Aemilius Paulus (Paul

Émile) à Pydna sur Persée apporte tant de richesse à Rome, qu’il n’est pas nécessaire de lever le

tributum.

Le statut de citoyen est bien sur de plus en plus recherché.

II – Senatus

Le Sénat est composé des anciens magistrats (donc de ceux qui ont une fortune supérieure à 400 000

sesterces). Le Sénat dirige véritablement la politique romaine. Il maîtrise la politique étrangère, la

République romaine est dirigée par le Sénat. Ses compétences sont variées .

Senatus-consultes : Pour promulguer une loi, le magistrat demande d’abord l’avis du Sénat avant de la

faire voter par les comices. Exception : en 59 César présente une loi aux comices contre l’avis du

Sénat.

Tous les 5 ans, les censeurs (2) révisaient l’album sénatoriale, c’est la lectio senatus :

- Rayant les morts

- Ajoutant les nouveaux (qui pouvaient donc enfin siéger au Sénat)

- Parfois, expulsant ceux qui avaient fait faillite, ceux qui avaient de mauvaises moeurs (cura

morum),... mais ces procédés étaient fort rares !

Le Sénat est en réalité composé des grandes familles romaines (la nobilitas).

III – Magistrats

Les magistrats étaient élus après une campagne (ambitus : se promener avec la main en avant) politique

rude et épuisante. Les hommes n’aspiraient pas à la richesse, mais à la politique.

1 - Les magistratures inférieures1 :

La questure (10) : on distingue

- 2 questeurs urbains ou aerarii saturni qui ont pour charge de gérer le trésor et d’archiver les

lois.

- 4 questeurs de la flotte (quaestores classici) en charge de 4 villes sous contrôle romain (Ostie,

Calès, Ariminum, Lilybée).

- Les autres étaient des adjoints aux magistrats supérieurs.

L’édile (2 - 4) : on distingue :

L’édile curule et L’édile plébéien

Fonction : - police des marchés

- approvisionnement de la ville

- entretien et police de la ville

- organisation et surveillance des jeux

1 Les magistratures inférieures revêtent la potestas (ius edicendi : le droit de prendre des décisions et le coercitio : le droit de les faire appliquer) et ils

ont le droit de prendre les auspices mineurs.

La République romaine

( 3 )

2 - Les magistratures supérieures2 (cum imperio) :

Les préteurs (2 - 4 - 6) : On distingue 2 préteurs parmi tous qui restent à Rome : le préteur

urbain et le préteur pérégrin.

Les attributions des préteurs sont : - principalement l’organisation des procès

- mais aussi le commandement militaire

- la convocation du Sénat et des Comices

- la proposition de Loi

- le gouvernement de province (propéteur)

Les Consuls (2) : magistrature suprême qui dirige l’armée et la cité. Si les 2 consuls se

trouvaient à Rome, chacun exercer à tour de rôle.

Fonctions : - le commandement militaire (imperium militae)

- la convocation du Sénat et des Comices

- la proposition de Loi

- le gouvernement de province (proconsul)

Caractères de ces magistratures :

- annalité des charges, début de la campagne en juillet, prise de fonction en janvier.

-          collégialité, ce principe a été mis en oeuvre contre la tyrannie d’un seul, contre la monarchie.

-         

3 - Les magistratures à part :

Les tribuns de la plèbe (Tribuni plebis) (annuel et collégial)

La magistrature plébéienne est chargé de défendre les intérêts de la plèbe. Ils sont 10.

Les tribuns sont pourvus de potestas, d’auspicium et d’imperium mais surtout, de la sacro-sainteté. Ils

sont élus par les concilia plebis. Leur puissance : la potestia tribunitia repose le ius auxilii : les droit

d’assistance aux membres de la plèbe contre les abus des magistrats du peuple, mais seulement à

Rome. Ils ont aussi le droit d’intercessio : c’est à dire d’opposer leur veto à toute mesure qu’il jugerait

contraire aux intérêts de la plèbe. Enfin, présidant les concilia plebis, ils peuvent faire voter des

plébiscites, loi qui n’ont de valeur que pour les plébéiens (du moins au début).

Les censeurs (2) (magistrature supérieure sine imperio)

Les censeurs sont choisis généralement parmi les anciens consuls. Élus tous les 5 ans pour une période

de 18 mois, les censeurs doivent :

- recenser les personnes et les fortunes d’où la répartition en centuries et en tribus

- rédaction de la lectio senatus (la liste des sénateurs)

- et par conséquent, ils veillent à la cura morum (les bonnes moeurs) et s’ils estiment qu’elle ne pas

respectée par un citoyen ou un sénateur, ils peuvent le rayer des listes : nota censoria

- attributions financières (surveillent les comptes), religieuses, ...

La dictature
En cas de péril de la cité, le consul nomme un “héros” pour 6 mois avec à ses côtés un adjoint le Maître

de Cavalerie afin de sauver la cité. Le dictateur a tous les pouvoirs sauf celui de toucher au trésor.

Des guerres puniques aux Gracques

Chapitre I : Rome et la Méditerranée au début du IIIe siècle

Cette période voit la montée en puissance de Rome. Cette victoire au début du IIe fait éclatée la

puissance et l’autorité incontestée de Rome. La victoire romaine sera la plate forme de la conquête.

L’objectif de ce cours est de fixer un cadre, d’élaborer un tableau du paysage méditerranéen et de

d’éclairer l’équilibre des puissances à la veille du IIIe.

L’affrontement est le résultat d’une évolution. En chercher les raisons, qu’est ce que Carthage ?

Comment la guerre a-t-elle couronnée la rupture d’un équilibre encadré auparavant par des accords

diplomatiques ?

I - Rome, une puissance montante

  1. L’achèvement d’un cycle de conquête

En 272, la victoire de Rome sur Tarente marque un tournant dans le paysage politique italien. Tarente

est LA grande cité, la métropole de la magnan Grecia (la grande Grèce). Elle est une colonie fondé au

VIIIe.

Cette victoire est le résultat de la rivalité Rome/Tarente pour la maîtrise de la Grande Grèce.

En 302, les 2 cités se délimitent une zone d’influence, Rome laissant à Tarente l’Italie du Sud.

Mais en 284, Thurii (rivale de Tarente) fait appel à Rome pour lutter contre les velléités des Lucaniens.

Rome dépêche un Consul qui établit une garnison à Thurii, ralliant sur le passage Locres, Crotone et Rhegion. En 282, Tarente chasse la garnison romaine de Thurii, Rome réplique et finalement Tarente appelle le Pyrrhus roi d’Épire. Le rêve de ses derniers étaient d’unifier les cités de la Grande-Grèce. En 280, Pyrrhus débarque avec 25 000 hommes et des éléphants. Il remporte la bataille d’Héraclée mais échoue devant Capoue. En 278, Pyrrhus débarque en Sicile, se fait proclamer roi à Syracuse, maîtrise Agrigente. Mais ne parvient à prendre Lilybée. Les carthaginois se font menaçant, les siciliens se révoltent... En 275, Pyrrhus est défait à Bénévent et rentre à Épire. En 273, la Lucanie est soumise.

En 272, la garnison épirote remet la ville de Tarente aux romains. Ainsi Rome avait soumis la seule ville qui pouvait lui faire concurrence en Italie du Sud. À la suite de cette guerre, le terme d’Italia désigne désormais toute la péninsule. Cette victoire marque la fin d’un long cycle de conquête de l’Italie :

1. Le Latium (496 - 448)

496 : Victoire du lac de Régille : Rome à égalité avec tout le Latium

488 - 486 : Soumission des Volsques

458 - 457 : Soumission des Eques

409 - 396 : Contre Véies

398 - 390 : Contre Volsinies et Tarquinies

2. L’Italie centro-méridionale dont la Campanie (IVe - IIIe) :

Les guerres samnites (343 - 341 / 326 - 304 / 298 - 290)

Étrurie en 265

L’Italie romaine est divisée en 2 ensembles :

- Le territoire proprement romain : l’ager romanus

- Tout le reste est soumis à Rome mais autonome dans un système d’alliance , des traités intégrant les vaincus dans une dépendance vis à vis de Rome.

Entre 328 et 264, l’ager romanus a été multiplié par cinq. L’extension romaine est extrêmement rapide.

Ce territoire confisqué donner à Rome une particularité, une spécificité non négligeable : 20% de l’Italie

était sous contrôle romain.

La ville de Rome a vu au IVe, sa population triplée, passant à 90 000 hab. Rome est déjà une

métropole, une grande cité méditerranéenne qui prend du poids sur la scène internationale. Sa taille

génère un marché urbain florissant, une stimulation de la production agricole, des importations accrues,

favorisant le développement du grand commerce. À la veille de la 1ère Guerre Punique, Rome connaît

une prospérité incontestable.

Certes Rome n’est pas la première puissance mais ce n’est déjà plus la petite communauté agraire de

ses débuts. Rome a changé d’échelle et de structure. C’est un important centre de production et de

commerce qui exporte entre autre ces céramiques.

Cette croissance économique s’explique en partie par les effets de la conquête et des guerres :

ramenant des prisonniers, des esclaves et des richesses. On assiste donc à une transformation des

conditions de production.

Parallèlement, cette conquête règle les problèmes économiques et sociales du Ve et IVe siècle, grâce au

nouvel accès à la terre. Ainsi, les plébéiens peuvent ainsi accéder à de nouvelle terre, colonisant ainsi

l’ager romanus. Ces changements conduisent le populus à accepter en contre partie la mise en place

d’un gouvernement de plus en plus oligarchique : diminution du pouvoir des comices, diminution de la

démocratie.

  1. Une cohésion renforcée autour de l’aristocratie

L’offensive contre Carthage transforme la cité. La raison du succès romain se trouve dans

l’extraordinaire unité et cohésion qui se forme derrière la République sénatoriale. Alors que les pouvoirs

étaient relativement équilibrés, de plus en plus l’aristocratie domine, à partir du IIIe siècle, son rôle est

renforcé au sein de l’État. Les guerres du IVe ont donné au Sénat un rôle prépondérant.

En 509, le Sénat n’est qu’un conseil chargé d’aider le pouvoir exécutif

À la fin du IVe (339 - 332), la lex Ovinia modifie le mode de recrutement des sénateurs par la procédure

de la lectio senatus rédigée par les censeurs. Ce procédé accroît l’indépendance des sénateurs. Celui-ci

se transforme en un corps viager au moment même où les magistrats se voient limiter dans le

renouvellement de leur mandat.

Le Sénat devient un pôle de stabilité.

D’autant plus que du milieu du IVe au début du IIIe, les difficultés de la conquête (défaite des Fourches

Caudines en 391) nécessite de penser la politique sur le long terme. Hors les magistrats ont un mandat

limité, les comices ne peuvent se réunir d’elles mêmes.

Ainsi s’opère un rééquilibrage de la vie politique et apparaît une nouvelle élite : la nobilitas.

En 287, la loi Hortensia proclame l’égalité d’accès des patriciens et des plébéiens aux magistratures.

Cette loi permet de résoudre la bicéphalie dont souffrait le régime avec d’un côté les patriciens et de

l’autre les plébéiens. Et Rome retrouve ainsi une cohérence, une unité.

La nobilitas est donc composé à la fois de patriciens et de plébéiens, ce sont de grande famille

soudées par un intérêt commun.

Dans un contexte d’expansion territoriale, économique et de changement politique, Rome développe de

nouvelles prétentions.

3. Les nouvelles prétentions de Rome

En Italie, Rome obtient le respect des cités grecques : Tarente, Naples qui signe un traité avantageux en

326.

Pline l’Ancien raconte qu’à la fin du IVe, Rome avait envoyé des ambassadeurs à Alexandre le Grand

(mort en 323), ce qui illustre bien le désir de reconnaissance des romains.

La victoire de Rome sur Pyrrhus à la Bataille de Bénévent en 275 eut un énorme retentissement dans le

monde hellénistique. Pyrrhus était de la lignée d’Alexandre. Rome apparaît donc désormais comme une

puissance sur laquelle il va falloir compter. Rome se présente comme la nouvelle puissance protectrice

du monde grec en Italie. Rome revendique une appartenance au monde hellénistique.

Ptolémée II Philadelphe (309 - 246), roi d’Égypte, alors souverain le plus puissant envoie une

ambassade à Rome.

À la fin du IIIe, Timée (grec sicilien) fait une comparaison entre Rome et Carthage, et parle de Rome

comme d’une puissance avec laquelle il faut désormais compter. L’affrontement entre Rome et Carthage

n’est donc pas un choc inattendu, bien au contraire, c’est un événement attendu de longue date, fruit

d’un contexte nouveau.

En effet, Rome développe ses ambitions en Italie du Sud et en Sicile, sur la partie occidentale du bassin

méditerranéen. Visible dans la frappe de monnaie que Rome commence à mettre en place dans le 1er

tiers du IIIe. Les Romains connaissaient bien sur la monnaie avant, mais pas sous la forme discoïde. Et

c’est à partir de la guerre contre Pyrrhus que Rome va battre monnaie. Mais le Rome de la première

Guerre Punique n’est pas une société monétarisée : la production de monnaie est réduite, la monnaie est

avant tout une arme idéologique et politique, symbole de l’appartenance à une communauté culturelle :

la Koinè (le monde hellénistique).

Au début du IIIe, Rome ne peut pas prétendre à l’hégémonie, la grande puissance de la méditerranée

occidentale : c’est Carthage.

II - La prééminence de Carthage

En 264, la méditerranée occidentale n’est pas comparable à la méditerranée orientale.

En Orient, le Royaume d’Alexandre à explosé en 3 Royaumes très puissants : la Macédoine, la Syrie et

l’Égypte.

En Occident, c’est Carthage qui domine.

1. Carthage, la grande métropole de l’occident

En 264, Carthage est LA métropole de l’occident.

Carthage est une cité fondée à la fin du IXe à l’initiative de la ville de Tyr (phéniciens), à l’époque où les

phéniciens et les grecs étaient en compétition. D’après la légende, Carthage fut fondée par la Reine

Elissa (Didon), soeur de Pygmalion qui a fuit Tyr après la mort de son mari tué par Pygmalion.

Dès le VIIIe, Carthage est une ville importante et au Ve, Carthage connaît un développement urbain

considérable. Au IIIe, Carthage est une mégalopole, elle est la plus grosse et la plus riche des sociétés

d’occident.

Carthage revendique son appartenance à la Koinè. À la fin du IVe, Aristote décrit Carthage comme étant

une cité de type grec à la constitution comparable à Sparte : République

- Un conseil des Anciens

- Une magistrature

- Une assemblée populaire

Carthage est une puissance maritime, une thalassocratie.

2. La prospérité d’une cité marchande

La prospérité de Carthage est fondée sur son commerce maritime. L’aristocratie carthage pratique le

négoce et ce depuis le VIIIe.

À la veille de la 1ère Guerre Punique, la prospérité de Carthage n’est plus seulement commerciale, elle

est aussi agricole. Carthage est dès le Ve, la 1ère puissance agricole de la méditerranée occidentale.

Agriculture céréalière, arboricole, viticole.

Le dynamisme de Carthage s’exprime au travers de son expansionnisme.

3. L’impérialisme carthaginois dans le sillage phénicien

Au IIIe, les colonies carthaginoises s’étendent sur toutes la méditerranée occidentale :

- en Sardaigne

- à Malte et aux Baléares

- sur le littoral africain

Cette colonisation n’est que la poursuite du processus amorcé par les phéniciens. Mais Carthage se

préoccupe surtout de l’Afrique et de la partie sud du bassin méditerranéen, conséquence de la défaite

d’Himère en 480 contre les grecs de Sicile.

L’impérialisme carthaginois va rencontrer Rome du fait de l’expansion romaine.

III - La recherche d’un équilibre Rome – Carthage

La première guerre punique ne marque pas la découverte, le premier contact entre les deux villes. Les

deux cités entretenaient des rapports anciens, surtout par des traités diplomatiques et commerciaux.

1. Chronologie des relations Rome - Carthage

Polybe dans le Livre 3 de ses histoires, nous parle de trois accords entre Rome et Carthage :

- en 509

- au milieu du IVe, en 343

- au début du IIIe, en 279

Tite-Live pour sa part, nous parle d’un traité en 306 entre les deux cités.

2. Évolution d’un accord, des clauses longtemps favorables à Carthage

Le but de ces traités était une reconnaissance mutuelle de zone d’influence exclusive et de droits

réciproques.

Dans le 1er traité carthaginois et romain se départagent des zones géographiques : les romains au delà

du Cap Bon, les carthaginois dans le Latium.

Dans le 2ème traité, les données sont actualisées : Carthage interdit aux romains tout échange entre

Carthage et une ville de la côte espagnole (Carthagène ?) ainsi que la Sardaigne. Rome revendique ses

droits sur la Sicile.

Dans ce traité, Carthage impose ses conditions aux romains. Le traité de 306, serait un traité de

rééquilibrage de la donne.

Et le traité de 279, lié à la guerre contre Pyrrhus, renforce l’entente entre Rome et Carthage face au

risque que représente Pyrrhus.

Ce sont donc deux ennemis qui se connaissent bien qui s’affronte, deux impérialismes et Rome va

l’emporter sur un ennemi plus puissant.

Pour Arcis, la victoire de Rome est un résultat du destin, cette victoire était inscrite dans la légende

d’Énée fuyant Troye qui s’arrête à Carthage, séduit Didon et l’abandonne. La victoire de Rome est celle

de l’homme séducteur sur la femme séduite.

Chapitre II : La Ière Guerre Punique

264 – 241

Le terme de Guerre Punique est un terme romain, comme quoi, l’histoire est écrite par les vainqueurs,

poeni signifiant les phéniciens d’occident.

Les débats historiographiques autour de la guerre punique ont été nombreux étant donné le peu de

source sur Carthage, les seules sources dont nous disposons sont romaines et ont en conséquences

tendance à glorifier et à célébrer Rome et ses valeurs. Ainsi pour contrebalancer cela, Huss a pris le

parti de réécrire les guerres puniques d’un point de vue pro-carthaginois.

Par souci de neutralité, nous devrions parler de la Guerre de Sicile et non de la 1ère Guerre Punique,

c’est d’ailleurs le nom que lui donne Appien6 .

I - La question sicilienne

1. Entre grec et carthaginois

La Sicile à l’aube du IIIe siècle est divisée en 2 zones d’influences : l’une grecque, l’autre carthaginoise.

Syracuse sous la direction de Hieron II domine l’île. L’extension de Syracuse vers l’ouest a entraîné des

conflits avec Carthage.

En 480, la flotte carthaginoise est défaite par les grecs devant Himère. Cette victoire est capitale pour

deux raisons : - Coup d’arrêt à l’extension Carthaginoise

- Carthage représente un danger pour l’hellénisme, pour la koinè.

En 450, Hérodote dans ses Enquêtes, présente la victoire d’Himère comme l’équivalant de la bataille de

Salamine.

En 410, Carthage détruit et reprend Himère. Et en 405, Carthage conclut un traité avec Syracuse pour

répartir l’île en 2 zones d’influences.

Au IIIe, cette équilibre est remis en question par la puissance renouvelée de Syracuse. Hors Carthage a

besoin de la Sicile car elle est un point stratégique pour le commerce de ces navires.

2. Le début de la guerre : l’affaire des Mamertins de Messine

Les mamertins sont des mercenaires originaires de la Campanie. Ils sont arrivés en Sicile sur la demande

d’Agathocles pour servir Syracuse. Après la mort de ce dernier, ils se retrouvent sans employeur et

trouvent refuge dans la ville de Messine qu’ils investissent. De là, ils se lancent dans des raids en

direction de Syracuse.

Hieron intervient donc pour mettre un terme aux nuisances des mamertins. Carthage saisit l’opportunité

pour offrir une protection aux mamertins et une garnison carthaginoise investit la ville.

Parallèlement, les mamertins avaient lancé un appel en direction de Rome. Dans un premier temps,

Rome n’y répond pas. Mais en 264, Rome décide d’aider les mamertins. Un corps expéditionnaire est

donc envoyé secourir Messine. Rome viole donc l’accord de 306 qui lui interdisait l’accès à la Sicile, le

réservant aux seuls carthaginois.

Pourquoi Rome est-elle intervenue en Sicile, violant de façon évidente un traité conclu avec un ennemi

plus puissant ? Les sources sur ce point ne sont pas crédibles. Il y eut de nombreux débats au Sénat

opposant un parti pro-guerre et un parti anti-guerre.

Peut être cette intervention a-t-elle été motivé par des intérêts commerciaux pour cette région ? On peut

aussi supposé que l’aristocratie campanienne qui a intégré le Sénat a fait pression pour l’acquisition des

riches terres de Siciles.

Il ne faut pas non plus oublié qu’en 264, Rome est depuis peu maîtresse de l’Italie du Sud et aspire à

devenir la nouvelle puissance protectrice de l’hellénisme en occident. Rome a depuis peu vocation à se

définir comme la cité qui défend les valeurs de la koinè.

Il faut aussi bien souligné que Rome n’avait pas mesuré qu’elle était à la veille d’un conflit majeur, d’une

guerre qui contre toute attente allait être remportée par les romains.

II - Une guerre remportée sur mer

Une guerre qui fut longue, longue de 23 ans et dont le premier enjeu est le contrôle de la Sicile.

  1. Le contrôle de la Sicile

Selon Polybe, le consul Appius Claudius Caudex fut le consul chargé de diriger le corps expéditionnaire.

Il défait les Carthaginois et met en fuite les Syracusains.

En 263, les romains reçoivent le renfort de 4 légions pour dégager Messine; ce qui a pour effet de

rallier près de 67 cités grecques siciliennes (selon Diodore).

Valerius Maximus prend le contrôle de l’armée romaine et dégage Messine. Il y gagne le surnom de

Messala. Puis il assiège Syracuse, ce qui force Hieron a traité avec lui. V. Maximus Messala fait de

Syracuse l’amie et l’alliée du peuple romain. La fidélité de Hieron est un atout majeur des romains dans

cette longue guerre. En particulier pour les richesses dont disposent Syracuse. Rome est maîtresse de

la partie Orientale de l’île.

À partir de là, s’engage une longue campagne contre les différentes garnisons carthaginoises présentent

dans l’île. Le prestige de Rome est croissant, non seulement elle a réussi à vaincre la puissante cité de

Syracuse mais aussi, Carthage qui représente la menace barbare.

En 262, Rome assiège Agrigente et au terme d’un long siège de Sept mois (261), la ville est prise et

pillée. La prise d’Agrigente va entraîner le ralliement de nombreuses cités grecques. Rome contrôle

désormais le centre de l’île.

En 254, Rome fait tomber Palerme. Il ne reste plus que 2 forteresses Carthaginoises dans l’île : Lilybée

et Drépanne. Rome entreprend d’assiéger ces villes mais en vain.

251 marque un tournant dans la guerre terrestre, Rome met au point une nouvelle stratégie contre les

éléphants carthaginois qui consiste à arroser le pachyderme de milles flèches .

Mais la guerre s’enlise et Carthage reste solidement implantée dans les cités de Lilybée et de Drépanne.

Et de ces points stratégiques, Carthage lance des raids efficaces contre les côtés italiennes. Hamilcar

Barca est le gardien de Lilybée.

En 256, les romains mettent au point une nouvelle stratégie : le but est d’exporter la guerre en Afrique

pour menacer directement les Carthaginois (stratégie emprunté aux grecs).

Attilius Regulus débarque en Afrique à l’ouest de Carthage et ravage la région. Mais l’un des deux

consuls revient à l’appel du Sénat et en 255, Regulus se fait écraser au printemps 255 par Xanthippe

(mercenaire Lacédémonien).

Selon la légende, Regulus capturé est envoyé à Rome par les carthaginois pour négocier la paix. Celuici

exhorte les romains a continuer la guerre puis il retourne à Carthage et meurt d’atroces souffrances.

Cette légende met en avant le courage et le dévouement.

2. L’effort naval

Les romains ont du faire un effort considérable pour s’équiper en navire. En 261, leur objectif est de

chasser les carthaginois de Sicile alors que la flotte punique est largement supérieure à la flotte romaine.

De 20 navires en 310, la flotte romaine passe à plus de 700 en 241.

Pour pallier à ses défaillances, Polybe nous raconte que les romains ont entrepris un espionnage naval

et technique : en autre, en 261, les romains capturent un navire carthaginois et le copie. Le mode de

fabrication carthaginois est nettement plus ingénieux que celui des romains.

Rome fait aussi appel au savoir-faire de ses alliées (Socii) de l’Italie du Sud.

Les romains mettent au point une technique de combat : le corbeaux, permettant d’aborder le navire

adverse, une technique à l’opposer de la méthode carthaginoise qui pratique la technique de

l’éperonnage.

C’est cette tactique qui aurait permis la première victoire navale romaine en 260 au large du cap de

Mylae. La colonne rostrale fut érigée afin de commémorer cette victoire. S’en suivit une série de bataille

navale victorieuse. Mais en 251, les difficultés financières empêchent Rome de poursuivre son effort

pour s’équiper en navire. Et ce n’est qu’en 243, que Rome consentira à reconstituer sa flotte en faisant

appel à des fonds privés : de riches romains vont ainsi avancer des fonds à la cité, ils seront

rembourser grâce au butin.

Et le 10 mars 241, Caius Lutatius Catulus remporte la bataille des îles Aegates qui va mettre fin à la

guerre en détruisant totalement la flotte carthaginoise.

La guerre de Sicile fut remportée sur mer.

3. Les conditions de la paix : le traité de Lutatius

Carthage donne les pleins pouvoirs à Hamilcar pour négocier la pais alors que côté romain, c’est Caius

Lutatius qui reçoit ce pouvoir.

La paix est aussi lié aux difficultés, aux problèmes internes que rencontrent Carthage en Afrique.

Dans un premier temps, les exigences de Lutatius sont modérées. Mais dans un deuxième temps, le

peuple romain accroît les conditions du traité :

- Évacuation de la Sicile et de toutes les “îles comprises entre la Sicile et l’Italie”. La sicile passe

par conséquence dans l’orbite romaine.

- Carthage ne doit sous aucun prétexte faire la guerre à Syracuse et ses alliées

- Carthage doit rendre les prisonniers de guerre sans rançon.

- Carthage doit payer à Rome une indemnité dans un premier temps de 2 200 talents payable

en 20 ans, durcit à Rome : 1 000 talents payés immédiatement et 220 annuités pendant 10 ans. Soit

un total de 3 220 talents.

De ce long bras de fer, Carthage en sort profondément affaiblis. Mais du point de vue tant économique

que financier, les deux cités sortent de ce conflit durement touché, sauf que Rome bénéficie d’indemnité

avantageuse.

III - Un nouvel ordre méditerranéen

1. L’affaiblissement de Carthage

La perte de la Sicile signifie pour Carthage la perte de revenu important. De plus, la guerre portée par

Rome sur le territoire carthaginois a profondément touché une économie déjà fortement affaiblie par

l’effort de guerre.

Carthage subie donc de plein fouet à la conclusion de la paix une grave crise alimentée par la

démobilisation des mercenaires employés par Carthage (une pratique courante dans le monde antique

exceptée à Rome) qui réclament leur du. Ces mercenaires sont des grecs, des campaniens, des celtes.

Ils sont rejoints par les paysans libyens qui sont écrasés par les grands propriétaires. Bref, plus de 90

000 mécontents guerroient aux portes de Carthage. Cette guerre civile, cette lutte séparatiste fut le

théâtre de nombreuses atrocités.

Face à cette crise qui met en péril la cité, Carthage fait appel au Héros de Lilybée : Hamilcar Barca.

Mais les difficultés sont telles que Carthage doit solliciter son ennemi d’hier : Rome.

Pourquoi Rome décide-t-elle d’intervenir ?

- Si Carthage était tombée, elle n’aurait pas pu remplir ses engagements financiers envers Rome.

- Cette révolte pouvait déstabiliser la région, ce qui était fort dangereux.

Rome prend donc le parti de l’aristocratie carthaginoise. Et en 237, la guerre civile se termine par

l’écrasement de la révolte.

2. Le début de l’expression de Rome outre-mer

La révolte des mercenaires a entraîné un déséquilibre entre l’appétit impérialiste de Rome et de

Carthage.

La première guerre punique a entraîné Rome en dehors de l’Italie. Rome a fait main basse sur la Sicile,

province riche en blé. Cette conquête a permis de résoudre les problèmes de ravitaillement et à

démontrer l’utilité de telle possession territoriale.

En 241, toute la partie occidentale est donc sous administration romaine, un magistrat romain est

installé à Lilybée.

En 259 - 258, les romains exportent la guerre en Sardaigne et en Corse afin d’affronter les garnisons

carthaginoises et afin de piller ces îles. En 249, la Sardaigne est à nouveau pillée. Les romains

manifestent de plus en plus d’intérêt pour ces îles.

En 238, les romains réclament au nom d’une clause du traité de Lutatius la possession de la Sardaigne

et de la Corse. Carthage, en pleine guerre civile, cède. Il s’agit là d’un véritable vol. On peut se

demander pourquoi les romains ne les ont pas incluses dans le Traité de 241 ?

Les conséquences sont donc énormes : Rome est dans une nouvelle situation, elle s’impose en dehors

de l’Italie, ce qui lui impose de créer un nouveau système administratif afin de gérer ces nouvelle terres.

Conclusion : La guerre de Sicile est une agression manifeste de Rome, une guerre préventive afin

d’écarter la puissance carthaginoise de ces côtes. Cette guerre a forcé Rome à développé une

puissance maritime considérable, Rome à l’issu de cette guerre devient la 1ère puissance navale du

monde antique. Cet événement est fondamental pour comprendre la logique d’expansion du IIème

siècle.

En 235, les portes du temple de Janus sont fermés, celle-ci ne le sont qu’en temps de paix ; et cela

n’était pas arrivé depuis la menace gauloise. Ce symbole représente à la fois un achèvement et le

franchissement d’une étape par Rome.

Chapitre III : L’entre deux guerres

241 – 219

Les auteurs font références à cette période comme à un âge d’or de la République en opposition aux

troubles du Ier siècle. Cette période médio-républicaine est une période où la République apparaît

comme prospère, une république fidèle à ces valeurs : mos maiorum.

I - Une période de stabilité politique

1. La poursuite des évolutions politiques

Pourquoi cette continuité ? Parce que les sources de font mention d’aucun changement véritable durant

cette époque. Il existe donc un consensus autour de la nobilitas qui gouverne dans la concorde.

En 241, on ajoute deux nouvelles tribus : les Velina et les Quirina portant ainsi à 35 le nombre de tribus

rustiques.

L’afflux de citoyens accroît le populus. Cette modification ponctuelle du système politique montre

l’adaptation de la cité-état.

Autre adaptation : le recours à la prorogation de l’imperium des magistrats.

En 267, Rome augmente le nombre de questeur en portant leur nombre de 4 à 8 afin de décharger les

magistrats supérieurs de leur tâche de gestion financière.

En 248, sont créés les préteurs pérégrins chargés de gérer les conflits entre étranger et citoyen romain.

Cette création est une nécessité induite par l’expansion de Rome.

On le voit ces changements montrent la capacité de Rome à s’adapter : ces mesures sont de faibles

ampleurs, illustration d’une volonté politique, celle de ne pas changer trop brutalement l’équilibre.

À noter également, un changement lié à l’augmentation du nombre de tribus avec la volonté de faire

coïncider les comices tributes et centuriates. Ainsi la 1ère classe voit elle sont nombre de centuries

passer à 70 (2*35).

On peut se poser la question d’une évolution démocratique du régime, en réalité, il n’en est rien puisque

le nombre de centuries reste invarié. De plus les modifications des tributs permettent un encadrement

des nouveaux citoyens.

2. La lex Flaminia de 232

OEuvre de Caius Flaminius, elle propose de réaliser des lots sur des terres situées au nord de l’Italie (sur

l’ager gallicus) afin de les redistribués à des citoyens.

Cette loi a provoqué une vive polémique et une vive opposition. L’acharnement de Flaminius a

longtemps était perçu comme étant la volonté d’un tribun de la plèbe de redistribué au mieux la richesse

et les fruits de la conquête, en voyant chez Flaminus un précédent de la loi des Gracques.

Aujourd’hui, cette thèse est remise en cause du fait de l’absence de source et du fait ces tensions

autour de la question de la terre, très vives au Ve et IVe, étaient résolues.

La lex Flamina a en réalité des perspectives militaires, le but étant de créer un glacis, un zone tampon

contre la menace gauloise : de renforcer l’ager gallicus.

Dans ces conditions, pourquoi un si vive opposition du Sénat ?

En fait la polémique porte sur le mode de distribution de la terre. Car Flaminius voulait distribuer la terre

sous formes de lots individuels. Hors la tradition voulait que la distribution de la terre se fasse de façon

collective.

Et cette distribution individuelle pose la question de savoir comment exercer alors ces droits civiques ?

Et donc entraîne un risque d’éclatement du populus.

II - L’essor

1. La prospérité économique accrue

Rome connaît durant cette période un essor artisanal, commercial et financier tel que l’on peut parler

d’un véritable boom économique. Les raisons :

- Rome possède de riches terres à blé (la Sicile) : l’agriculture s’en trouve dynamisée

- Le nombre d’esclave (et donc la capacité de production) s’est singulièrement accru du fait des

conquêtes. Mais il faut noter que la production ne repose pas exclusivement sur une exploitation

esclavagiste.

Les conquêtes ont aussi permis à Rome de se créer de nouveaux débouchés. Par exemple : Rome

exporte désormais ces vins au delà de l’Adriatique, en Gaule. Le grand commerce est en pleine

expansion, l’import-export est accru.

L’apparition de ces nouvelles activités créent de nouveaux groupes sociaux dont la richesse et la

puissance ne sont plus exclusivement basée sur la richesse foncière. Les marchands et les artisans

acquièrent dans ce nouveau contexte une place plus importante.

Preuve du dynamisme de l’artisanat, la législation évolue : en 220 une loi est votée pour organiser

l’activité des Foulous (activité de transformation de la laine).

Face à la concentration financière, le besoin de légiférer pour séparer la propriété foncière de l’activité

des marchands se fait sentir :

En 218, la lex Claudia (plébiscite) de Quitus Claudius interdit au Sénateur de posséder des navires dont

la capacité était supérieure à 300 amphores.

Les sénateurs contourneront cette loi en utilisant des prête-noms, personnes tirées de leur clientèle

comme des affranchis.

Cette loi voulait aussi séparer la gestion des affaires publiques des intérêts des particuliers. de plus le

Sénateur est socialement définit par la dignitas hors celle-ci est incompatible avec les activités

mercantiles.

La société romaine se monétarise : d’abord utiliser pour financer les dépenses publiques la monnaie

alimente peu à peu le marché.

Il se développe donc des activités bancaires ; des institutions spécialisées dans le prêt, le change, le

dépôt. Se créé ainsi un milieu d’homme d’affaire : les Argentarii.

Rome devient ainsi peu à peu une capitale économique.

2. La ville de Rome

La muraille de 318 mesure 10 m de haut et 4 m de large et englobe une superficie de 426 ha ce qui fait

de Rome une des plus grandes agglomérations d’Italie.

La période est marquée par de nombreux changements urbains et de nombreuses construction

publiques. Les censeurs acquièrent des compétences en matière de construction publique.

Les magistrats, les consuls cherchent à mettre en pierre la puissance et la gloire militaire de Rome. Ainsi

des temples sont voués à des divinités ou à une bataille.

En 260, le consul Duilius fait construire un temple pour Janus. Un temple pour Spes (l’Espoir) est

construit. Le temple de Minerve capturée lors de l’entrée de celle-ci dans le Panthéon romain.

Est construit le Circus Flaminius pour compléter le circus Maximus. Se dégage un nouvel axe de

développement urbain à l’ouest du pomoerium. De plus, on s’achemine vers une spécialisation

fonctionnelle des espaces publiques :

- des espaces publics

- des lieux consacrés à l’artisanat et au commerce

Rome prend peu à peu le visage d’une cité hellénistique mais il faut noter l’absence d’un théâtre, d’un

amphithéâtre. La ville reste tout de même marqué par certains archaïsmes.

III - Une intégration renforcée à la koinè hellénistique

1. L’hellénisme à Rome

Rome s’ouvre à la culture grecque et se perçoit dès le IVe comme une cité hellénistique.

En 396 : introduction du culte d’Apollon. À la fin du IVe est créé la légende attribuant la fondation de

Rome a un descendant de Énée.

2. Rome championne de l’hellénisme en Occident

Rome a déjà étendu son protectorat sur les cités de la grande Grèce puis sur celle de la Sicile.

En 229, afin de combattre la piraterie illyrienne, Rome étend son protectorat sur les cités illyriennes.

Rome est autorisée à participer aux jeux isthmiques.

En 222, Rome met un coup d’arrêt aux expansions gauloises et à la terrible menace qu’ils représentent.

Cette victoire place Rome sur un pied d’égalité avec Pergame.

Se développe une littérature latine avec Livius Andronicus (230 - 220) qui traduit l’Odyssée.

Chapitre IV : La IIème Guerre Punique

218 – 202

Cette guerre fut particulièrement importante de par son ampleur et de par ces conséquences tant pour

Rome dans sa définition et dans sa perception à l’étranger que pour Carthage.

Imperium romanum doit beaucoup à cette guerre, à ce qu’elle a révélé aux romains de ses rapports aux

autres peuples.

Et on peut faire un parallèle entre la 2ème Guerre Punique et la 1ère Guerre Mondiale.

La signification politique de cette guerre fut perçue à l’époque comme une guerre de revanche.

I - Une guerre de revanche

Nos sources sont unanimes pour dire que la 2nde Guerre punique est liée à l’injustice de la paix de

Lutatius (241) et de l’annexion consécutive de la Sardaigne et de la Corse (238). En particulier Polybe

qui met en avant ce deuxième événement comme une véritable humiliation.

1. L’Espagne Barca

Après la perte de la Corse et de la Sardaigne, les Carthaginois se sont tournés vers la péninsule ibérique

où ils avaient déjà établis des contacts et des comptoirs depuis fort longtemps.

L’atout principal de cette zone d’influence sont les richesses minières en argent. Carthage entreprend

donc l’extension de son domaine ibérique afin de payer les indemnités dues à Rome par le traité de

241.

L’expansion commence dès 237 dans le Sud de l’Espagne avec la fondation de deux villes très

importantes : Carthagène et Alicante.

Les promoteur de cette conquête sont les Barcides à l’initiative d’Hamilcar Barca. Aidé de son gendre

Hasdrubal, Hamilcar mène avec succès les opérations militaires et agrandit le territoire carthaginois dans

la péninsule ibérique.

La famille Barca jouit d’un prestige immense : le charisme de ses membres est tiré de la victoire ; et

Hamilcar, Hasdrubal et Hannibal sont souvent comparé aux souverains d’Orient qui tirent leur légitimité

du combat, de la puissance guerrière.

On parle pour les possessions carthaginoises en espagne de Royaume Barcide, mais ce terme est

abusif et ne repose sur aucun fondement institutionnel, il s’agit tout simplement d’une enclave

carthaginoise contrôlée et exploitée par elle. De plus, les Barcides sont de simples magistrats

carthaginois.

En 221, Hasdrubal est assassiné dans des conditions méconnues, lui succède Hannibal qui est nommé

à la tête de l’armée par acclamation. Celui-ci poursuit la politique expansionniste vers le Nord et

l’intérieur de la péninsule.

Polybe voit dans la conquête de la péninsule ibérique par Hannibal un moyen délibéré pour préparé la

revanche contre Carthage.

Une anecdote sur Hannibal ne parle-t-elle pas que lorsque Hamilcar avait voulu faire un sacrifice pour

voir si les opérations qu’il allait entreprendre étaient sous de bon présages, il avait demander à son fils

de ne jamais être l’ami des romains. C’est la légende de la haine inexpiable de Hannibal contre Rome.

2. L’Affaire de Sagonte (218)

Rome surveillait les agissements carthaginois dans la péninsule ibérique :

231 : Rome envoie une ambassade qui demande à connaître les ambitions de Carthage en espagne. La

réponse carthaginoise est de chercher les moyens financiers de payer sa dette envers Rome.

228 : Rome envoie une ambassade auprès d’Hasdrubal suite aux avertissements de la ville de

Marseille, allié grec de Rome, qui s’inquiète de la progression barcide dans la péninsule. Cette

ambassade conclut en :

226 : Un traité répartissant les zones d’influences dans la péninsule ibérique. C’est le traité de l’Ebre qui

interdit aux carthaginois de franchir ce fleuve.

En juin 219, Hannibal le siège devant Sagonte, ville où vit une importante colonie grecque. Après 8

mois de siège, Hannibal prend la ville et la pille. La prise de Sagonte provoque une grande émotion à

Rome.

Pourquoi ? Sagonte n’était pas compris dans le traité de 226. Mais cette cité était considérée comme

une alliée de Rome, en dépit de l’absence de traité. En tout cas, Rome prend cette prise comme un

véritable casus belli.

En mars 218, Rome demande des explications à Carthage provocant la colère du Sénat de Carthage

qui déclare la guerre à Rome.

Si Rome n’est pas intervenu en 219 lors du siège de Sagonte, c’est en raison de son engagement en

Illyrie.

3. L’invasion de l’Italie

Hannibal franchit donc l’Ebre, puis les Pyrénées, et progressant rapidement parvient à la hauteur

d’Orange. Le projet d’Hannibal est de porter la guerre au coeur de l’Italie et ainsi de prendre les romains

de court. D’ailleurs l’armée de Publius Cornelius Scipio7 qui se rendait en Espagne doit débarquer sur la

côte ligure et ne parvient à le rattraper qu’après sa traversée du Rhône.

Publius Cornelius Scipio décide alors d’envoyer ses armées en Espagne afin de couper Hannibal de ses

bases arrières et de couper toute possibilité de renfort.

L’armée d’Hannibal est grosse de quelques 100 000 hommes et malgré cela, il parvient à franchir les

Alpes. À la fin septembre 218, il arrive à proximité de Turin, ville qu’il prend, bénéficiant de l’effet de

surprise et parvient à rallier les populations gauloises.

Hannibal cherchait à déstabiliser son adversaire et cette arrivée brutale sur le sol italien eut un impact

psychologique considérable.

Hannibal cherche aussi à isoler Rome, à la couper de ses alliées, Hannibal se présente comme le

libérateur de l’Italie.

II - Rome en grave péril

Rome se trouve alors en face du plus grave péril qu’elle est jamais connue, sa puissance est remise en

cause en Italie même.

  1. Des succès éclatant d’Hannibal

Entre 218 et 215, Rome enchaîne défaite sur défaite et Hannibal acquiert la réputation d’un général de

génie, d’un général invincible.

Le 1er affrontement intervient dans la pleine du Pô en novembre 218, la bataille du lac de Tessin est une

escarmouche entre les deux cavaleries qui tourne à l’avantage d’Hannibal. Cette défaite permet à

Hannibal de rallier les peuples gaulois de la région.

En décembre 218, la bataille de La Trébie est le premier affrontement en bataille rangée. Scipion qui

avait attendu les renforts de l’autre consul, souhaitait temporiser. Mais Hannibal ne pouvait ce le

permettre. Il tendit un piège aux romains et remporta une brillante victoire.

Au printemps 217, Hannibal qui a passé l’hiver a proximité de Bologne cherche un chemin vers le Sud. Il

rencontre l’armée romaine de Flaminius au Lac de Trasimène le 21 juin 217. Rome y subit un revers

cinglant : quelques 15 000 morts dont le consul Flaminius et la capture d’une bonne partie de l’armée.

Hannibal relâche les alliés de Rome et garde les romains. Toujours dans cette volonté d’isoler

diplomatiquement Rome.

Hannibal part ensuite en Apulie, région riche qui pourra lui fournir de quoi se ravitailler.

En juillet 217, le Sénat ordonne la nomination d’un dictateur : Quinctus Fabius Maximus. Son but est de

rétablir le moral de l’armée. Il inaugure donc une nouvelle tactique : il évite toute bataille rangée, se

contente d’escarmouche et cherche à gêner le ravitaillement d’Hannibal, il veut harceler Hannibal.

Il y gagne le surnom de Cunctator.

En janvier 216, le dictature prend fin, Rome a cessé de connaître la défaite. Le Sénat pense qu’il est

temps d’en finir avec Hannibal.

Le 1 août 216, les 8 légions de Caius Terentius Varro et Lucius Aemilius Paulus rencontrent Hannibal

dans la plaine de Cannes. Aemilius Paulus qui commande ce jour là préfère éviter l’affrontement et

souhaiterai poursuivre la technique du harcellement.

Le lendemain, le 2 août 216, Varro qui est partisan d’en finir avec Hannibal et de l’écraser sous le

nombre commande l’armée. Les romains sont défaits : plus de 46 000 morts, près de 20 000

prisonniers, près de 80 sénateurs meurent sur le champs de bataille dont Aemilius Paulus.

2. Désarroi et angoisse à Rome

Après la défaite de Cannes, Rome est en proie à une “horreur indescriptible” selon Tite-Live. Les

romains craignent de voir Hannibal marcher sur Rome. L’écrasante défaite de Cannes ne peut avoir

qu’une seule explication : l’abandon des dieux, une rupture dans la pax deorum liée à un manque de

pietas. En effet un prodigia n’intervient que lorsque les dieux sont en colère.

Les romains développent l’idée d’une souillure qu’il faut par tous les moyens expier :

- 218 - 215 : Introduction de nouveaux jeux les ludi magni en l’honneur de Jupiter, remise au goût du

jour des Saturnalia.

- 217 : réintroduction du printemps sacré : offrandes à Jupiter constitués de l’ensemble de la

production animale et végétale d’un printemps.

Introduction de Mens (L’intelligence), de Venus-Eryx sur le Capitole.

- Une ambassade est envoyée en grèce à Delphes.

- En 216 la consultation des livres sibyllins ordonne d’enterrer vivant un couple de gaulois et un couple

de grec sur le forum boarium

- En 216, l’inconduite de deux vestales est sévèrement punie.

Cette période n’est pas celle d’une tentative de combler les insuffisances de la religion romaine, elle est

bien au contraire, un renforcement de la religion traditionnelle de Rome.

3. Le tournant de la guerre

La bataille de Cannes par bien des aspects marque un tournant dans la guerre. Le retour de Varron à

Rome est marqué par un élan de solidarité, la ville forme une union sacrée autour de ses institutions, de

ses valeurs. La cité prend conscience de l’effort qu’il va falloir fournir, c’est le tournant de la guerre :

1ère raison : La bataille de Cannes aggrave la situation de Rome :

- humiliée militairement

- affaiblies démographiquement

Conséquence, les alliées de Rome font défections, soit pour rallier le prestige d’Hannibal soit par la

contrainte.

L’exemple de Capoue, Capoue était depuis longtemps lié à Rome et malgré cela, Capoue va se rallier à

Hannibal en vue de prendre la place de Rome en Italie. C’est d’ailleurs à Capoue qu’Hannibal va passer

l’hiver 216 - 215 (Les délices de Capoue).

Si en Italie du Sud les défections sont importantes, en Italie elles ne sont pas majoritaires.

Les conséquences de ces défections sont :

- la fragilisation de la Confédération italienne

- le choc de la trahison et de l’humiliation qui va provoquer un sursaut

Rome mobilise toutes ses forces pour résister en se donnant les moyens de poursuivre la guerre :

- nomination d’un dictateur

- levée en masse le tumultus (par opposition au dilectus)

- refus du Sénat de racheter les prisonniers (le rachat signifiant la reconnaissance de la

défaite, cette obstination est inhabituelle dans l’Antiquité)

2ème raison : Une erreur stratégique d’Hannibal ?

Hannibal a refusé de marcher sur Rome. Nombreuses sont nos sources qui déclarent qu’Hannibal

n’avait su profiter de sa victoire.

Mais il s’agit là d’un jugement rétrospectif. Car :

- Rome restait une ville solidement défendue et Hannibal aurait pu être défait sous les murs de

Rome.

- L’objectif d’Hannibal n’était pas de détruire Rome mais seulement d’annuler l’humiliation de la

paix de Lutatius de 241 en obtenant la paix. Sauf que Rome refuse la paix et c’est là toute la singularité.

La guerre se développe alors sur 3 fronts : en Italie, dans la péninsule ibérique et en Sicile.

III - La victoire romaine : entre soulagement et fierté

1. Le renversement de la guerre 215- 206

La stratégie d’Hannibal était d’encercler Rome, de la couper de tous ses alliés.

Pour cela, Hannibal s’allie avec Philippe V qui voyait d’un mauvais oeil l’implantation romaine en Illyrie. Le

traité de 215 prévoit une assistance militaire mutuelle. Rome est attaquée à l’est.

La mort de Hieron II de Syracuse et l’avènement de son petit-fils renverse les alliances : Syracuse s’allie

avec Carthage. Rome perd son influence en Sicile

Le front espagnol

En Espagne, Rome est victorieuse. Cornelius Scipion qui avait rejoint son frère en Espagne rejette entre

217 et 215 les carthaginois au sud de l’Ebre et créé un réseau d’alliance avec les ibères.

En 213, ils reprennent Sagonte et amorcent un mouvement vers le Sud.

En 211, les deux frères sont défaits dans une bataille à proximité des sources du Guadalquivir et meurt

tous deux au court de la bataille.

Mais le Sénat, conscient de l’enjeu espagnol renvoi une armée en Espagne sous la direction de Publius

Cornelius Scipio fils.

En 210, il remporte une grande victoire.

En 209, il prend Carthagène.

En 207, il défait l’armée d’Hasdrubal, frère d’Hannibal

En 206, il remporte la grande victoire d’Ilipa. Carthage est expulsé d’Espagne.

Le front sicilien

En 212, Marcus Claudius Marcellus prend Syracuse. C’est lors de ce siège que sont expérimentées les

inventions d’Archimède. Puis Marcellus prend Agrigente.

En 210, la Sicile est à nouveau romaine.

Le front italien

En 212, Capoue est reprise, la punition est terrible, la ville est pillée, ses habitants sont réduits à

l’esclavage, c’est la fin de l’existence politique de Capoue.

En 209, Tarente et en 205, Locres.

Dans le même temps, l’effort naval romain est considérable est empêche ainsi toute arrivée de renfort à

Hannibal que ce soit de l’Afrique ou de la Macédoine.

Face à son isolement de plus en plus prononcé, Hannibal appel son frère Hasdrubal. Hasdrubal malgré

sa défaite avait réussi à percer la défense romaine en Espagne et refait le périple de son frère et traverse

les Alpes. Hannibal compte sur une jonction des deux armées.

Mais Rome en septembre 207 arrête Hasdrubal à la bataille du Métaure en Ombrie. Hasdrubal trouve la

mort au court de la bataille.

En 206, Hannibal est confiné dans la pointe de la botte italienne.

Sur le front macédonien, la guerre de macédoine (215 - 205) s’achève en 205 par la paix de Phoinike.

2. L’expédition d’Afrique et la fin de la guerre

Le Sénat est partagé quant à la poursuite de la guerre. Faut-il ou non porter la guerre en Afrique ?

Scipion est favorable à cette option alors que Maximus Cunctator est contre, il argue que Hannibal est

toujours présent sur le sol italien, que son jeune frère Magon vient de débarquer et le souvenir du

désastre de l’expédition de Regulus (255) montre la difficulté d’une telle entreprise.

Finalement le Sénat autorise l’envoi d’un corps expéditionnaire sous la direction de Cornélius Scipio

mais n’autorise pas la levée d’une nouvelle armée.

Scipion débarque donc en 204 en Afrique, au Nord de Carthage prend contact avec les Massinissa roi

de Numidie et s’allie avec eux. En Avril 203, il remporte une victoire à Utiques. En automne 203,

Hannibal rappelé par le Sénat de Carthage débarque.

Le 29 octobre 202, Scipion défait Hannibal à Zama, cette victoire est le fruit de l’habileté de Scipion et

à la cavalerie numide. Scipion prend alors le surnom d’Africanus.

3. L’arrogance du vainqueur

Après la victoire de Zama, la paix signé au printemps 201 impose des conditions dures à Carthages :

- Suppression de la flotte de guerre (à l’exception de 10 vaisseaux).

- Suppression de la totalité des éléphants

- Interdiction faîte à Carthage de recruter des mercenaires en Espagne, en Gaule, en Italie

- Un lourd tribut de 10 000 talents à payer en 50 annuités

- Carthage doit évacuer tous les territoires ayant appartenu par le passé aux numides et à

Massimissa. Carthage reconnaît de la même façon la légitimité de Massimissa.

- Interdiction faîte à Carthage de faire la guerre sans l’accord du Sénat romain

- Ponction d’otages dans la population carthaginoise afin de garantir le traité

La sévérité dont fit preuve Rome est à la mesure de la frayeur des romains et du sacrifice que la cité a

consentit pour résister. La victoire est apparut aux yeux des romains comme le résultat de la

mobilisation de tous autour de la République et de ses valeurs, de l’effort sans précédant réalisé par

tous les citoyens.

Pour la victoire, les institutions ont du être aménagée. L’exemple le plus probant est celui du dictateur,

d’ailleurs, après 201, Rome n’use plus de dictateur, qui procède à une lectio après Cannes.

Rome a aussi recours à des levées de troupe extraordinaires. La dimension censitaire du régime s’en

trouve renforcée par la victoire.

La ponction démographique a été très importante : Rome perd environ 6% de la population mâle soit

environ 300 000 hommes.

La pression fiscale a été immense, Rome a du avoir recours à plusieurs dévaluation et a du mettre en

place un nouveau système monétaire en 211, le système deniers.

La réussite romaine est liée à l’extraordinaire cohésion de la cité. De cette réussite, les romains en puise

un orgueil national, Tite-Live vante “l’héroïsme inégalable” de Rome. Rome a survécu malgré la défaite,

la trahison, la fourberie. Le sentiment de triomphe renforce Rome dans ce sentiment de supériorité de sa

propre tradition :

- le mos maiorum

- les institutions

- les valeurs : la fides (la foi) et la virtus (valeur militaire et civique)

Les douze colonies latines qui n’avaient pas soutenu Rome furent sévèrement punies.

Chapitre V : L’impérialisme romain au IIeme siècle

(200 - 129 a.J.-C.)

Toynbe parle du “legs d’Hannibal”, on ne peut comprendre l’impérialisme romain sans comprendre la

guerre d’Hannibal.

Rome étend son imperium , mais quelle fut la nature de l’impérialisme romain ?

I - “Y a-t-il eut un impérialisme romain ?” Paul Veyne

1. Le débat historiographique

Le débat historiographique s’est développé entre deux écoles : les partisans d’un impérialisme défensif,

et les partisans d’un impérialisme agressif.

Les partisans de l’impérialisme défensif tel Mommsen ont développé l’idée selon laquelle l’impérialisme

romain a été mu par un besoin de protection en raison du danger que représentait ses voisins.

Cette théorie permet d’exonérer Rome d’une double responsabilité :

- d’avoir réaliser la conquête

- d’avoir ainsi créer les conditions de sa crise à la suite de la conquête

C’est l’idée d’une conquête “involontaire” selon le mot de M. Holleaux. Cette théorie rencontra un large

succès en raison de son caractère alternatif à la conception machiavélique de la conquête romaine

fondée sur des raisons économiques, commerciales, sociales...

Cette théorie développé au milieu du XIXeme fut remise en cause dans les années 70, en particulier par

Harris qui préfère voir dans l’impérialisme romain, un impérialisme agressif et expansionniste. Ainsi, la

bataille de Zama est un combat au nom de l’hégémonie mondiale, Rome était engagée dans une

compétition pour la domination universelle.

2.Guerre et société

Harris a mis en avant la pression du populus en faveur de la conquête et des guerres. Le statut de

citoyen-soldat n’était pas vécu comme une contrainte par le civis romanus, il n’y avait aucune forme de

réticence vis à vis du service militaire. Cela s’explique par un aspect culturel mais aussi par un aspect

financier : la perspective de profit et des richesses générées par la guerre : terre - esclave - métaux.

Cette perspective de butin est fondamentale pour comprendre l’impérialisme de Rome. La guerre

antique possède une dimension économique.

De plus, le pouvoir de l’aristocratie était fondé sur l’activité militaire, tout son prestige est fondé sur la

gloire militaire. Et il est évident que le certamen gloriae (compétition pour la gloire) est un principe actif

dans la relance perpétuelle de la guerre.

L’impérialisme romain est donc un phénomène avant tout culturel lié aux fondements même de la

romanité et de la gloire.

3. L’imperium romanum : définition et notion

Il est fondamentale de bien comprendre que la notion d'imperium n’est pas une notion territoriale, mais

une notion d’autorité, il s’agit d’un pouvoir de commander et de se faire obéir.

Ainsi l’impérialisme romain n’est pas une conquête territoriale, il est avant tout la conquête d’une

autorité, de la reconnaissance d’une autorité.

L’imperium romanum dans sa forme territoriale se manifeste sous deux aspects :

- l’administration directe par Rome, ce sont les provinces

- un exercice indirect de l’autorité au travers de relais : alliés, amitiés

Avant 150, Rome exerce son autorité sur 4 provinces : la Sicile, la Sardaigne et la Corse, l’Espagne.

En Orient, Rome privilégie la diplomatie au travers d’états alliés (Pergame) et de protectorat.

En 188 est créé la province macédonienne, en 146, les provinces d’Africa Nova et d’Achaïe.

Au milieu du IIème, on assiste à une multiplication des provinces, les romains trouvent en effet plus

avantageux et plus profitable d’administrer directement les territoires qui leur sont soumis.

II - La mise au pas des monarchies hellénistiques

1. Une conséquence directe de la guerre d’Hannibal

Au début du IIIe, l’Orient est partagé entre trois grandes monarchies héritées du royaume d’Alexandre :

- Les Antigonides en Macédoine

- Les Lagides en Egypte

- Les Séleucides

Ainsi qu’en une multitude de petits états :

- Rhodes

- Pergame

- Confédération Achaienne

- Confédération Étolienne

Comme nous l’avons vu précédemment, Rome était intervenu en Illyrie en 229 et en 219 afin de mettre

fin à la piraterie illyrienne. Rome avait ainsi pu mettre en place des têtes de pont en Illyrie. Hors Philippe

V, roi de Macédoine, voit d’un mauvais oeil le débarquement romain sur son continent. En 215, profitant

de l’embarras romain, il s’allie avec Hannibal. Débute ainsi la première guerre de Macédoine qui

s’achève en 205 par la paix de Phoinikè.

Rome après cette guerre a donc la conviction que le roi hellénistique représente une menace pour les

intérêts romains.`

2. Rome, arbitre de l’Orient

La seconde guerre de Macédoine 200 - 197

En 200, Rome est alliée avec Rhodes et Pergame alors que les Antigonides et les Séleucides sont alliés

(?).

En 200, Rome lance un ultimatum à Philippe V. La guerre est déclarée.

En 197, Flamininus vainc l’armée de Philippe V à la bataille de Cynoscéphale.

Et en 196, lors de la conclusion de la paix, Philippe V doit évacuer toute la Grèce et verser une

indemnité de 1000 talents.

Au succès militaire qui marque la suprématie de la légion sur la phalange, s’ajoute un succès

diplomatique, Rome proclamant la liberté des cités grecques et obtient le ralliement de celle-ci à la

cause romaine. (Proclamation de Corinthe)

En 194, les troupes romaines évacuent la Grèce.

Les étoliens qui voulaient étendre leur domination sont déçus et ils se rallient à Antiochos III.

Antiochos III mène une politique expansionniste en Orient au dépend de l’Égypte et en direction de

l’Occident. Rome lui envoie en 196 une ambassade lui demandant de respecter la liberté des cités

greques d’Asie mineure. Antiochos III répond que les cités grecques n’avaient rien à attendre de Rome

qui ne dépendait de sa propre générosité.

En 195, Antiochos III accueil Hannibal, ce qui est interprété à Rome comme un geste d’hostilité.

La guerre contre Antiochos 192 – 188

En 192, suite à l’appel des étoliens, Antiochos III se pose en défenseur des libertés grecques et envoie

ses troupes en direction de la Grèce. Rome vit cela comme une provocation.

Au printemps 191, les troupes d’Antiochos III sont défaites aux Thermpolyes par Manius Acilius Glabrio

ce dernier bat alors en retraite, poursuivit par Publius Cornelius Scipio Nasica (frère de P. C. Scipio

Africanus).

En janvier 189, Antiochos III est défait par Lucius Cornelius Scipio Asiaticus à Magnésie avec le soutien

de Eumène II, roi de Pergame. Cette grande victoire entraîne la capitulation du souverain.

En 188, la paix d’Apamée marque un tournant fondamental. Antiochos III doit se retirer au delà du

Taurus, ce qui revient à abandonner toutes ses possessions d’Asie mineure et il doit payer une

indemnité extrêmement lourde de 15 000 talents. De plus dans le traité de paix, Antiochos III a

l’interdiction de faire la guerre aux alliés de Rome et doit livrer Hannibal.

En 188, Rome s’impose comme un acteur majeur de la Méditerranée, Rome est devenue la première

puissance mondiale, sa suprématie est incontestée à partir de 188.

La troisième guerre de Macédoine 171 – 168

La troisième guerre de Macédoine 171 - 168 contre le jeune Persée qui sera défait et capturé à Pydna

en 168 par Lucius Aemilius Paulus concrétise un peu plus cette suprématie romaine. Rome a lourdement

puni ses ennemies et ses alliées qui ont fait défection.

Rome a acquit une telle puissance, qu’une simple injonction du Sénat romain permet de mettre un terme

au siège d’Alexandrie par le Séleucide.

3. La mainmise romaine sur l’Orient grec

À partir de 188, la politique romaine en orient se durcit et Rome punit de façon impitoyable toute

opposition ce qui se traduit par des annexions territoriales et la mise en place de province.

L’annexion de la Macédoine 148 – 146

La Macédoine se soulève sous le commandement d’Andriskos en 148, le Sénat envoie Caecilius

Metellus qui écrase la révolte ; la Macédoine est réduite à un état de sujétion, elle devient province

romaine en 146, de même pour l’Épire et l’Illyrie qui ont trahis Rome.

Le soulèvement de la Grèce 147 – 146

La confédération achéene et sa suite diverses cités grecques sont écrasées en 147-146, Corinthe est

pillée en septembre 146 par les troupes de L. Mummius et la province d’Achaie est créée.

Le legs d’Attale III

En 133, Attale III qui avait par testament légué son Royaume à Rome meurt sans héritier. Cette clause

testamentaire avait été prise afin de se prémunir de toute tentative de conspiration. Eumène III,

mécontent soulève Pergame contre Rome. Le Sénat réprime durement cette révolte et en 128-126 est

créée la province d’Asie.

Ainsi en Orient subsiste comme pouvoir indépendant les seuls Séleucides et Lagides dont la puissance

est déclinante, Rome se trouve de facto maîtresse de l’Orient.

III - La consolidation de la domination en Occident

1. “delenda est Carthago” ou la troisième guerre punique 150 - 146

Depuis 195, Massinissa n’a de cesse de harceler Carthage en vu d’accroître la puissance numide. En

vertu du traité de 201, Rome arbitre le conflit et se montre plutôt conciliant vis à vis de son ancienne

ennemi. Mais face au redressement économique et militaire de la puissance carthaginoise, Rome durcit

petit à petit le ton.

À partir de 150, Rome se montre de plus en plus exigente, n’ayant de cesse de poser des conditions

de plus en plus dure et de plus en plus intenable pour Carthage. Le Sénat sous la pression de Caton

décide donc d’en finir et de détruire Carthage. En avril 146, Carthage est rasée par l’armée de Scipion

Emilien (fils L. Aemilius Paulus, adopté par le fils de Scipion l’Africain) et son sol est déclaré sacer (ie livré

au dieux, ie maudit).

2. Les premières provinces éloignées : l’Espagne

En 197, création des provinces Hispania Ulterior et Hispania Citerior pour gérer les territoires conquis.

Mais la péninsule est difficilement maîtrisable, et les guerres contre les peuples ibériques durent jusqu’à

la guerre de Numance 143 - 133 avec en 133 la prise de Numance par Scipion Emilien.

3. La question celte

La question celte est un héritage de la guerre d’Hannibal. C’est d’abord à l’appel de Marseille que

Rome intervient contre les incursions celtes.

De plus, avec la création des provinces d’Espagne ultérieure et citérieure, il est nécessaire pour Rome

de joindre la péninsule ibérique et italienne par la maîtrise de la côte gauloise, côte qui s’était révélée

stratégique lors de la guerre d’Hannibal.

Rome va donc commencer à intervenir en 125 pour maîtriser cet espace stratégique. En 118, la colonie

de Narbonne est fondée. Rome maîtrise désormais l’intégralité de la méditerranée

Chapitre VI : Une conquête aux répercussions profondes

La conquête entame une processus d’unification du monde méditerranéen sous la tutelle romaine. Cette

unité inédite se réalise tant sur le plan politique, économique et culturelle. Mais cette expansion militaire

provoque de profondes transformations et de profonds déséquilibres dans la société romaine

traditionnelle.

I - L’intégration croissante de l’Italie dans une économie méditerranéenne

1. Le développement du grand commerce maritime

La grande nouveauté est l’apparition d’une économie italienne intégrée dans une économie-monde,

économie-monde dans laquelle Rome et l’Italie occupent une place privilégiée. Les échanges se

structurent autour d’un centre (Rome et la péninsule italienne) vers des périphéries. L’étude des

amphores révèlent l’ampleur de ce phénomène et des flux qui parcours la Méditerranée. L’Italie devient

le carrefour des routes commerciales maritimes.

2. L’apparition d’une économie d’échange

L’économie connaît de profonde mutation, l’économie autarcique se transforme peu à peu en une

économie d’échange avec l’apparition de secteur qui sont engagés dans une réelle économie de marché

: certains secteurs se tournent de plus en plus vers la commercialisation avec l’idée de réaliser des

profits. Cette économie de marché est cependant minoritaire mais elle existe. La vie économique reste

dans son immense majorité une économie de subsistance.

Dans le secteur agricole, en raison de la conquête qui fait abonder à Rome le blé des provinces

conquises, les producteurs subissent durement cette concurrence et pour s’adapter, ils se spécialisent.

De plus, de nombreux petits producteurs ne pouvant vivre de leur terre sont contraint de partir : on

assiste alors à un mouvement de concentration foncière et la montée en puissance de la grande villa

esclavagiste (en l’absence de progrès agricole, l’élevage comme l’agriculture reste extensif).

Rome met au point de nouvelles techniques de construction avec pour fil conducteur l’idée de

construire plus rapidement. Les innovations sont importantes mais pas qualitativement.

3. Rome nouvelle capitale économique du monde

Dans la seconde moitié du IIe, à Rome et en Italie apparaissent un nouveau personnage : l’homme

d’affaire, le negotiatores. (visible dans l’urbanisme par la construction d’un temple circulaire dédié à

Hercule Olivarium, patron des marchands d’huile).

Mais attention, on ne peut pas parler de la mise en place d’une politique économique, il n’y a pas de

prise de décision d’ensemble, il n’y a pas de politique concertée.

Cependant, Rome impose son droit maritime, ces structures douanières et maîtrise les flux par ses

décisions (Création du port franc de Délos pour punir Rhodes qui fait de Délos la plaque tournante du

commerce méditerranéen orientale). Également, la politique fiscale de Rome.

À Rome, près de 30 000 personnes sont engagées dans le grand commerce.

II - Une société en mutation

1. Enrichissement spectaculaire de la société romaine

Cet enrichissement est d’abord lié aux victoires sur les souverains hellénistiques, mais il est difficile à

évaluer. Mais les pillages et le versement de lourdes indemnités provoquent dans la 1ère moitié du IIe un

afflux monétaire à Rome évalué à 2 500 millions de sesterces. Cet afflux profite à l’ensemble de la

communauté civique.

L’enrichissement provoque une modification de la consommation et des modes de consommation.

Parallèlement l’abondance de numéraire entraîne une inflation qui appauvrit les “prolétaires”.

2. L’émergence d’une élite nouvelle

L’aristocratie est la principale bénéficiaire des fruits de la conquête, on peut même dire qu’elle accapare

à son profit les retombées économiques de l’expansion.

Cette élite se distingue par sa consommation, par son mode de vie. Mais les romains essayent

d’aménager les principes romains avec cet enrichissement en étoffant l’arsenal législatif pour contrer

l’apparition d’un nouveau mode de vie contraire aux traditions romaines.

Les oeuvres d’art grecques sont amenées en grèce et dans les villas se créent des museia, des musées.

La richesse et la puissance glissent peu à peu de la nobilitas aux equites qui tendent justement à se

distinguer, le Sénat se braquant sur les valeurs traditionnelles. L’idéal de vie est altéré : à la propriété

foncière comme source de richesse et à la politique comme source de gloire succède le commerce et la

guerre.

3. La fragilisation des équilibres traditionnels

- Déstabilisation d’une partie de la paysannerie par la participation aux conquêtes lointaines.

La petite et le moyenne paysannerie qui forment le socle de la République romaine sont profondément

atteintes par les guerres hannibaliques et les guerres de conquêtes qui ne font que croître. Cette

paysannerie appauvrit par la guerre en raison de son absence répétée et de plus en plus longue

souhaite de moins en moins répondre au dilectus. De plus l’arrivée massive des richesses et des blés

étrangers détruisent la petite exploitation qui pratiquait la polyculture. La plèbe urbain grossit et

l’oligarchie ne cesse de s’enrichir. Le déséquilibre est croissant entre l’oligarchie sénatoriale, les

chevaliers et la plèbe.

- Le rapprochement entre Romain et Italien

Le mécontentement italien grandit en raison du rôle qu’ils jouent et de l’absence de reconnaissance.

- L’afflux d’esclave et la croissance de la population servile

La population servile profite au grand domaine, modification des conditions de la production agricole.

En outre la population servile fort nombreuse fait peser un risque croissant sur la société.

En 134-132, éclate les premières guerres serviles en Sicile. En 103-102, une nouvelle révolte servile

éclate.

À partir du IIe siècle, le divorce est autorisé, la famille autre pilier de la société romaine se délite lui aussi

et apparaît alors la femme romaine à la visibilité et à l’influence au demeurant limitée.

En outre le Sénat, gardien des valeurs traditionnels peinent à adapter les institutions romaines à la

situation nouvelle que créer les conquêtes.

III - Culture et idéologie

Le contact de Rome avec la Grande Grèce, la Grèce puis les puissants états hellénistiques d’Orient va

profondément modifier la culture, le paysage, les mentalités romaines.

1. Transformation du paysage urbain

Rome était une ville à l’architecture simple et traditionnelle. Désormais les temples dont le dessin est

fortement inspiré par l’Orient sont désormais construis en dur.

Entre 200 et 175 on construit 15 temples. Apparaît à partir de 146 le marbre grec et les portiques.

L’Urbs devient une capitale : aqueducs, ponts, voies,... Le chapiteau corinthien est au goût du jour. Les

riches maisons sont de plus en plus décorées.

Luxe des édifices publics, luxe des édifices privés, correspondent à de très importants changements

dans les ornements, les vêtements et la nourritures des romains.

2. La seconde hellénisation

À la toge de laine se substitue la toge de lin. Les vêtements se raffinent, se font plus luxueux. La

nourriture aussi, les boulangeries se développent. Le style de vie romain s’orientalise.

La vie culturelle est elle aussi marquée par une hellénisation : l’histoire avec Fabius Pictor, les comédies

avec Plaute, la poésie avec Ennius.

”La génération de 160” est animée par le cercle des Scipions qui développent une cour de brillants

intellectuels, poètes, historiens,... tel Polybe, Térence, Laelius le sage, Pacuvius, Accius, Lucilius. C’est

une époque marquée par un intense foisonnement intellectuel. Rome devient un foyer culturel majeur.

La littérature latine naît et bien que fortement hellénisante, la culture romaine acquiert une personnalité

propre, une personnalité gréco-romaine.

3. De nouvelles conceptions du pouvoir

Les philosophies grecques imprègnent Rome : le stoïcisme et l’épicurisme particulièrement.

Des courants mystiques orientaux sont particulièrement en vogue. Ces mouvements idéologiques vont

modifier, transformer la conception traditionnelle du pouvoir romain.

Ainsi, le développement croissant de l’appétit de jouissance, contraire au mos maiorum, va

profondément influer sur les moeurs et les comportements.

Caton dans se censure avait pris des mesures contre le luxe des femmes, de la table... Lois somptuaire

de 184. En 161, une loi interdit d’engraisser les poulardes. Elle fut ridiculisée. Les romains ne pensent

plus comme Caton. L’hédonisme et le mépris des Dieux vont croissant et les valeurs traditionnelles de

la République sont battues en brèches créant ainsi une nouvelle ligne de fracture car l’oligarchie

sénatoriale se bat pour préserver les valeurs de Rome, se repliant sur elle même.

La conception du pouvoir évolue. Les romains veulent désormais jouir. La philosophie grecque se

heurte de plus en plus violemment au ritualisme des croyances et institutions romaines. Une vie

intellectuelle brillante se développe mais les siècles suivant voient s’affirmer une piété et une sensibilité

toujours plus éloigné d’une tradition religieuse figée dans son formalisme, incapable de progresser. Des

réformes s’imposent mais le Sénat est incapable de réformer.

Les Gracques

133 – 121

Les sources antiques sont unanimes à reconnaître que les années 133 - 122 furent marquées par le

tribunat de deux frères et qui annonçaient la crise de la République.

Quels enjeux ? Quels débats ?

I.                    La crise de l’année 133

II.                  

1. La loi agraire de Tiberius Sempronius Gracchus : la rogatio Sempronia

Tiberius Sempronius Gracchus8 fut élu tribun de la Plèbe en 133.

La question agraire

Pour comprendre la rogatio Sempronia, il faut revenir sur la question agraire. L’ager romanus est divisé

- entre l’ager privatus qui appartient à des particuliers

- et l’ager publicus qui appartient au domaine public, à l’État romain. Ses terres appartiennent

au peuple romain et sont faîtes pour alimenter la caisse publique : l’aerarii saturni.

Ce domaine public est très divers, on y trouve des terres cultivées, des terres cultivables et des terres

impropres à la culture, des marais, des bois,... Ces terres étaient exploitées, mise en fermage auprès

des publicains. L’État permettait à des citoyens de l’occuper, c’est l’ager occupatus. Ces citoyens, les

possessores, jouissaient de la terre en échange d’une redevance.

En raison des conquêtes, dans la 1ère moitié du IIe siècle, l’ager publicus représente un enjeu

considérable, nombreux sont ceux qui en ont tiré un grand profit. Se développe donc un conflit autour

des modalités d’accès à ces terres.

La législation antérieure

En 193, une loi met en place des amendes pour ceux qui feraient paître leur troupeau sur l’ager

publicus. En 173, un consul a pour mission de délimiter l’ager publicus en Campanie. Comme ces deux

lois le témoignent, il est difficile de faire respecter les conditions d’exploitation de l’ager publicus et de

délimiter celui-ci. Un rapport de force s’instaure donc entre magistrats et octroyeur.

Entre 200 et 167, une loi fut votée pour réglementer cette possession, cette loi prévoyait de limiter la

possession à 500 jugères. Le problème qui se pose à la puissance publique est la compétition qui

existe entre les grands propriétaires fonciers qui cherchent une exploitation de plus en en plus grandes

pour accroître leurs activités. Les petits et moyens propriétaires survivent malgré une propriété privé

restreinte. Cette législation visait donc à conserver un équilibre pour éviter qu’une partie des citoyens

est l’exclusivité de fait de l’exploitation du domaine public. L’évolution tend vers un accroissement des

inégalités, un nivellement de plus en plus marqué des richesses. La loi ne fut pas respectée.

En 145, la puissance publique tente une nouvelle fois d’obtenir l’application de la loi limitative. Laelius,

l’instigateur de cette loi, un proche de Scipion Emilien, doit affronter l’hostilité de l’aristocratie. Si Laelius

a mis en oeuvre une telle loi, c’est que les petits et moyens propriétaires formés le gros des

mobilisables et ils risquaient donc un déclassement censitaire en s’appauvrissant. Laelius craint donc

surtout de voir se tarir le stock des mobilisables.

La rogatio Sempronia

Tiberius Gracchus souhaite tout simplement mettre en oeuvre les lois déjà votées. En 133, il est donc

élu tribun de la Plèbe et propose une nouvelle loi agraire qui réaffirme la limitation de la possession :

1) Limitation du droit de possessio :

- 500 jugères par individu plus 250 par enfants avec un maximum de 1000 jugères.

- Cette possession n’est plus soumise à une redevance du à l’État, elle est donnée à titre privé.

2) Les terres récupérées devaient être redistribuées (distribution viritane) sous formes de petits lots de

30 jugères à des paysans pauvres. Ces terres étaient inaliénables (mesure de protection contre le rachat)

et étaient probablement soumise à une redevance recognitive (un vectigal).

3) Création d’une commission d’application d’application de la loi : un triumvirat agraire chargé

d’effectuer les récupérations et les assignation, triumvirat disposant d’un pouvoir judiciaire étendu.

Le but de la rogatio Sempronia n’a jamais été de porter atteintes aux intérêts des grands propriétaires.

Les dispositions de la loi agraire ne touchent pas aux structures : les grands restent grands, les petits

restent petits, les petits propriétaires restent propriétaires.

Cette loi n’est donc pas une innovation, elle est juste une réactivation de lois anciennes, la seule

innovation étant la redistribution.

C’est une loi modérée, plus modérée que les lois précédentes : les terres reprises à l’aristocratie

foncière devaient être remboursées.

2. Une épreuve de force politique

Pourquoi le projet de loi de T. Gracchus a-t-il alors rencontré tant d’opposition ? L’opposition est lié à

de nouveaux facteurs, particulièrement la façon dont il s’y est pris.

Avant le vote de la loi, T. Gracchus s’est vu opposé une prohibitio d’un autre tribun Octavius (convaincu

par le Sénat). La procédure législative est donc bloquée. T. Gracchus décide de passer outre est fait

voter une loi visant à destituer Octavius, loi disposant que les tribuns qui ne respectent pas les intérêts

de la plèbe doivent être destitué. C’est un coup de force. Octavius destitué, T. Gracchus fait voter sa

loi.

Mais le Sénat décide d’utiliser sa compétence financière pou empêcher l’application de la loi.

T. Gracchus essaye une nouvelle foi de contourner le Sénat : lors de l’annonce du legs d’Attale III,

Tiberius propose d’utiliser les richesses de Pergame pour financer son programme. Ce geste porte

atteinte aux prérogatives du Sénat.

Les tensions sont donc extrêmes entre l’aristocratie conservatrice et les partisans de Tiberius. Le coup

de tonnerre intervient à l’été 133, lorsque Tiberius annonce son intention de se représenter au tribunat (à

la fois pour mettre en oeuvre sa loi et pour se protéger).

3. Une répression brutale

Lors des élections tribunicienne, une assemblée dégénéra en rixe opposants les partisans de T.

Gracchus et les détracteurs de sa politique organisés autour de P. Scipion Nasica. Les émeutes

tournèrent à des combats de rue au cours desquels T. Gracchus fut assassiné devant le temple de

Jupiter.

La conclusion est tragique mais la loi n’est pas abrogée, le triumvirat poursuit son activité. En 129, la

compétence judiciaire des triumvirs est transférée au consul. Mais l’entreprise de T. Gracchus sera

reprise 10 ans plus tard par son frère.

II. La tentative la plus ambitieuse : les réformes de Caius Gracchus

En 123, le frère de Tiberius, Caius Gracchus9 , est élu tribun de la Plèbe.

1. La réhabilitation de Tiberius

Caius s’attache dans un premier temps à réhabiliter la mémoire et la légitimité de l’action de son frère. Il

fait condamner les meurtriers de T. Gracchus qui ont enfreint deux lois :

- Ils ont mis à mort sans jugement un citoyen et sans que celui-ci est pu user de sa prouocatio ad

populum

- Ils ont tué un tribun de la Plèbe qui jouit pourtant de la sacro-sainteté

De plus, il fait passer une loi interdisant à un magistrat déposé de sa charge de poursuivre son cursus

honorum, l’homme visé est bien sur Octavius. Cet loi s’inscrit dans la volonté de continué la politique de

son frère en réhabilitant la légitimité de son action.

2. Une intense activité législative

Entre 123 et 121, Caius Gracchus occupe le tribunat de la Plèbe est fait passer une vingtaine de loi

pour compléter la loi agraire et ce grâce à un plébiscite de 125 qui avait décidé qu’un tribun pouvait

être réélu autant de fois que nécessaire pour achever sa politique.

La loi agraire de 123 reprend celle de son frère mais en la complétant. La distribution de lot ne se fera

plus sur le mode individuel mais collectif par l’établissement de colonie en Italie et en Afrique. La réforme

agraire est l’épine dorsale d’un programme de réforme plus vaste visant à maintenir ses appuis sur les

bénéficiaires :

- La lex Sempronia frumentaria, loi frumentaire en faveur du prolétariat de Rome, chaque citoyen

résidant à Rome recevra chaque mois un boisseau de blé à prix réduit grâce à des subventions de

l’État.

Le but de cette mesure était de satisfaire la plèbe en garantissant le ravitaillement de la ville et par la

même de limiter le pouvoir de l’aristocratie sur la ville en confiant la distribution de blé à l’État.

- Dans le domaine judiciaire, il introduisit dans les tribunaux autant de chevaliers (equites) que de

sénateurs.

Le but là n’est pas de moraliser la vie publique mais plutôt d’équilibrer et de compenser le poids

prépondérant de l’oligarchie sénatoriale ainsi que de s’attirer la sympathie à la fois des chevaliers et des

provinciaux.

- La lex de Asia confie la collecte de l’impôt à une société de publicains afin d’améliorer la

perception de l’impôt et de financer les distributions de blé.

- Dans le domaine de la vie politique, il procède à un rééquilibrage au profit du populus

romanus en aménageant les institutions de la cité tel par exemple l’instauration du vote secret10 .

Il envisage aussi de donner la citoyenneté romaine au socii italiens.

Ce lois sont les différentes composantes d’un projet ambitieux qui vise à une réforme de l’État et à une

réforme de la société elle même ; elle vise à un meilleur équilibre entre les citoyens, et entre les citoyens

et les socii.

3. L’émergence de la violence dans la vie politique

L’été 121, C. Gracchus brigue un nouveau tribunat. Ses adversaires déclenchent des émeutes qui

entraînent la mort d’un licteur du Consul. Cette mort est utilisée pour présenter le tribun comme un

fauteur de trouble.

L’institutionnalisation de la violence

Le Sénat demande au consul L. Opimius de sauver l’État et un senatus-consulte ultime instaure l’état

d’urgence. Opimius a pour mission de sauver la République contre la menace. Le senatus-consulte

ultime suspend les garanties individuelles et autorise l’exécution sans procès. L’assaut est donné sur les

partisans de Caius S. Gracchus réfugié sur l’Aventin. Le tribun et ses amis meurent massacrés.

La violence a été institutionnalisée, elle est devenue un moyen de résolution des conflits politiques. Dans

les années 100, les mesures de C. S. Gracchus sont démantelées. Après cette guerre civile qui ne dit

son nom, les romains établissent un temple de la Concorde pour rétablir le lien brisé, pour conjurer la

stasis (la discorde). Le tribunat des deux frères est perçu comme une stasis, un épisode séditieux,

révolutionnaire.

C. Gracchus est mort, les lois des Gracques sont amendées, mises en Shell : les distributions

frumentaires sont supprimées, les distributions de terre aussi. Si l’ennemi est mort, le mal reste. Les

problèmes que les Gracques avaient tentés de résoudre existent toujours et le Sénat n’a rien résolu.

Y a-t-il eut une révolution institutionnelle gracquienne ?

Il est sur que le tribunat de la Plèbe a joué un rôle nouveau, en allant au delà du rôle de contre pouvoir

en devenant une magistrature à part entière capable d’influer sur la vie politique romaine. L’épisode

gracquien marque un déplacement du centre de gravité du pouvoir au profit du tribunat qui devient un

moyen de gouvernement.

La “révolution” gracquienne met à jour un nouveau clivage au sein de l’aristocratie sénatoriale entre

populare et optimates.

Mais cette “révolution” est avant tout traditionaliste ce que poursuivent les Gracques c’est avant tout un

retour à l’équilibre traditionnel de la cité, refusant la monopolisation des fruits de la conquête, prônant

un partage des bienfaits de l’Empire entre les différentes composantes du populus. Les Gracques sont

avant tout soucieux du bien public. Ce concept d’équité est d’inspiration grec, d’inspiration stoïcienne.

La révolution gracquienne est plus politique qu’économique ou social.

Des Gracques à la bataille d’Actium

Chapitre VIII : Optimates et Populares

La lutte entre optimates et populares n’est pas une lutte des classes. Optimates et populares sont deux

clans, deux factio, deux lignes politiques au sein du Sénat. Leurs origine se trouvent dans la crise

gracquienne.

Ce qui les sépare ?

Les optimates sont un parti sénatorial soucieux de la tradition et les populares sont partisans d’une

valorisation du rôle du peuple.

L’origine du conflit ? La question agraire est le noeud des tensions entre optimates et populares.

Cette lutte n’est pas une crise de production, c’est une crise de structure : on a des paysans sans terre

et des terres sans paysan. Comment gérer l’ager publicus ? Avec un phénomène d’immigration rurale

important et une monopolisation des richesses.

Est-ce un problème nouveau ?

Oui, puisque l’aristocratie sénatoriale romaine est scindée en deux sur la question de la petite et de la

moyenne paysannerie.

Non, c’est un problème ancien, déjà Flaminius (les Flaminia de 232) avait voulu lancer une colonisation

des terres conquises en Gaule cisalpine. Mais cette opposition avait été tue par la guerre d’Hannibal et

la formation d’une cohésion sacrée.

La question est relancée en 133 avec l’élection de T. Gracchus qui légifère sur la question du partage

des terres en fondant une colonie à Carthage. Cette colonie s’oppose au optimates qui soulèvent la

question du sacer et de l’installation de colons romains en dehors de l’Italie, en Afrique, en les

établissant sur l’ager publicus.

Ces revendications de terre continuent même sous César avec un rôle de plus en plus important de

l’armée dans ces revendications.

La crise de la République

La République ne parvient à enrayer l’exode rural et le développement d’un prolétariat urbain

extrêmement pauvre. Certains patrons récupèrent à leur profit cette pauvreté en nourrissant

quotidiennement des centaines voir des milliers de clients, clients servant pour toutes sortes d’affaires

de différentes natures.

Cette masse plébéienne est facilement manipulable, optimates et populares usent de distribution

frumentaire ou de jeux spectaculaires pour acquérir à leur cause le peuple affamé de Rome.

Alors que la plèbe s’appauvrit, nobiles et equites s’enrichissent en exploitant les provinces.

La violence entre peu à peu dans le jeu politique. Le nombre croissant de citoyens et l’inadaptation des

institutions minent la démocratie et le vote qui sont de moins en moins pratiqués.

Quelles moyens politiques les populares emploient-ils ?

Le tribunat de la plèbe et la rogatio en passant outre la lex senatus consulto. L’échec des gracques est

du au fait qu’ils ont refusé d’user de la force.

En 104, Saturninus élut tribun de la Plèbe fait comme les Gracques et meurt comme eux. Après l’échec

des Gracques et le massacre de Opimius, les populares sont affaiblis. Le Sénat l’a emporté.

Mais le facteur nouveau, c’est l’armée romaine, la légion qui, au IIe, est sollicitée dans des guerres de

conquêtes en Orient, en Occident. Le développement de ces conflits a obligé les consuls à faire appel à

de plus en plus de citoyens.

En 107, la réforme marienne (Marius) est une véritable révolution : seule solution pour faire face à

l’amenuisement des classes moyennes mobilisables et à la fuite des classes aisées, elle permet à tous

les volontaires d’incorporer l’armée, créant une armée de métier : l’État assurant les frais d’équipements

et d’entretiens.

Si techniquement c’est la meilleure solution, ces soldats étant parfaitement adaptée aux nouvelles

exigences des guerres et de l’Empire, le premier problème se pose lors de la démobilisation des

vétérans auxquels il faut donner une terre. Où trouver cette terre ?

La deuxième conséquence directe est le détachement des soldats vis à vis de l’État, de la patrie au

profit de son général. Général qui est un homme politique et qui leur assure gloire, butin et lopins de

terre lors de leur démobilisation. Les soldats sont donc liés au destin de leur général. C’est un

changement fondamental du rapport de force : l’armée se politise. Et les grands imperatores vont se

développer, usant de leur armée pour faire leur carrière politique.

Marius ou les aléas des populares

Le retour des populares est du à la conjonction de deux périls : en Afrique la guerre contre Jugutha (112

- 104) et les incursions barbares. Les optimates incapables de vaincre Jugurtha et de mettre un terme

aux incursions barbares assistent dès lors à la montée en puissance d’un populares.

Marius est un homo novus, au début simple chevalier client de la gens Metelli (Metellus), ils le font entrer

en politique en l’appuyant dans son cursus honorum : dans la questure, le tribunat et la préture en 115.

Proconsul en Espagne, il est légat de Metellus en Numidie contre Jugurtha en 109.

En 107, il est élu consul contre l’avis de son patron et est part vaincre Jugurtha alors que Metellus avait

été prorogé par le Sénat.

En 106 et 105, il parvient à vaincre Jugurtha grâce à l’appui de son légat Sylla qui par trahison obtient

la capture de Jugurtha.

De 104 à 100, il se fait réélire consul dans la plus complète illégalité. En 102, il vainc les Teutons et en

101, les Cimbres.

Marius est alors débordé par les chefs populares : Saturninus et Glaucia régnèrent à Rome par la

violence et la renommée de Marius qui les protégeaient.

Il distribue à ses soldats des terres en Afrique par la lex Appuleia, loi agraire concernant les soldats.

Marius met en place une nouvelle loi frumentaire sur le modèle de celle de C. Gracchus avec un

plafonnement du prix du blé.

En décembre 100, la confusion la plus totale règne à Rome : Marius avait perdu tout prestige, les

populares étaient divisés quant à l’application de la loi agraire. Le Sénat vota alors un senatus-consulte

ultime pour répondre à l’agression de Glaucia. Marius désorientait participe à la répression qui s’abat

sur ses anciens amis.

Le Sénat victorieux régnait à nouveau, mais l’élite se divisa à nouveau, sénateurs et chevaliers luttèrent

pour obtenir le contrôle des tribunaux. De plus, le Sénat de peur que Marius ne revienne, n’entreprit

aucune réforme politique et aucune politique extérieure. Pourtant la question italienne est en suspend...

La crise de la République est liée à l’intrusion de l’armée dans la vie politique. Le conflit entre optimates

et populares sera régulée par l’armée.

Chapitre IX : Guerre sociale et guerre civile

91 – 70

Trois événements : la guerre sociale, la guerre civile entre Marius et Sylla, l’émergence de Pompée

Préambule sur la question italienne

Ce problème italien est lié à un problème du statut des italiens. Les italiens ont été utilisé par Rome que

ce soit dans la résistance lors des guerres hannibaliques ou dans la conquête de l’Empire.

Les différents statuts :

Les citoyens romains jouissent de la citoyenneté complète. Ce sont outre les citoyens de Rome, les

colons des colonies romaines, les municipes intégrés dans la communauté romaine et dans la civitas

tout en conservant leurs institutions propres.

Les latins observent le statut latin et le droit latin. Ils sont un intermédiaires entre la citoyenneté romaine

et les pérégrins. Ils ont le ius conubii et le ius commercii et peuvent jouir de l’intégralité de la citoyenneté

s’ils reviennent à Rome. Les colonies latines ont un rôle militaire important de contrôle et sont très

attractives. Elles ont joué un rôle décisif dans la guerre d’Hannibal en restant fidèle à Rome

Les alliés (socii) ont conclu un traité d’alliance inégal avec Rome, ce sont des fidèles (foedus) et doivent

à Rome de l’argent et des troupes

Une crise latente : l’intransigence de Rome

Le rapport se détériore après la guerre d’Hannibal. Rome a en effet demandé un effort considérable à

ses alliés : avant cette guerre, ils composent 1/3 de l’armée, durant et après ils forment la moitié des

effectifs de l’armée.

En outre le bénéfice de la conquête revient en priorité aux citoyens romains alors qu’alliés et latins

payent un lourd tribut.

Le statut de citoyen romain est donc de plus en plus attrayant. Il existe donc un mouvement vers les

colonies latines avec l’espoir d’obtenir la civitas.

En 125, Frégelles revendique la citoyenneté, la réponse de Rome est brutale : la ville est détruite. Un

adjoint de C. Gracchus, Flaccus, propose d’accorder la citoyenneté aux latins.

Les populares introduisent la question italienne dans leur programme dans le but d’attirer à eux le

mécontentement italien.

Ils proposent d’accorder la citoyenneté à toute personne qui a exercée une magistrature dans les

colonies latines.

En 91, la guerre des socii débute après la mort de Livius Drusus, un tribun de la Plèbe qui avait

proposé une loi accordant la citoyenneté romaine aux alliés de Rome. Marses et Samnites sont à la tête

I - La guerre sociale 90 - 88

La guerre des socii a pour enjeux la citoyenneté. Tout part donc de l’assassinat d’un tribun de la plèbe,

Livius Drusus, fils d’un des adversaires des populares, il accède au tribunat et devient l’un des leurs. Il

propose donc une rogatio visant à intégrer dans la citoyenneté les italiens. La rogatio est abrogée et en

91, Drusus est assassiné. Cette assassinat soulève le mécontentement des élites italiennes qui

préparent la guerre sous la direction du chef Marse : Pompaedius Silo.

Qui se soulève ?

La majorité de l’Italie centrale excepté l’Étrurie et l’Ombrie en raison de ces élites très liées à Rome.

Les Samnites, les Lucaniens, le Bruttium.

Très vite se développe deux fronts : - Un front nord animé par les Marses

- Un front sud mené par les Samnites

Le soulèvement part d’Ausculum dans le Picenum avec le massacre d’un envoyé de Rome et des

romains présents dans la ville.

Le mouvement est mené par les élites italiennes, les alliés et non les latins car les élites latines avaient

obtenues la citoyenneté romaine. Ce qui est surprenant c’est que les élites italiennes étaient liées

matrimonialement et commercialement à Rome et aux élites italiennes.

Victoires des socii

En 90, les socii enregistrent des succès militaires.

Parallèlement les confédérés s’organisent :

- Ils se choisissent une capitale : Corfinium renommée Italia et la dote d’un centre public : forum,

monuments, Sénat, magistrats qui reprennent les titulatures romaines.

-          Ils battent monnaie avec un taureau terrassant la louve.

-         

La réaction de Rome

La réaction de Rome est lente. Mais très vite elle propose des réformes, des lois.

D’autant plus que les socii ne sont pas unis :

- il y a ceux qui ne visent qu’à intégrer la citoyenneté

- il y a ceux qui se battent pour renverser Rome.

L’habileté des romains est d’user de ces dissensions en s’adaptant.

Le consul Lucius Iulus Caesar fait voter une loi, la lex Iula, qui donne la civitas à ceux qui déposent les

armes et se rangent auprès de Rome et à ceux qui n’ont pas pris les armes. C’est une loi qui donne la

citoyenneté à qui la demande.

Les adversaires de Rome se divisent et à la fin de 90, le noyau dur des révoltés est isolé. La situation

militaire se retourne. Au nord, Pompeius Strabo reprend Asculum, au sud, Cornelius Sylla vainc les

samnites.

En 89, Rome a remporté la guerre politiquement et presque militairement. Mais l’opposition populares

optimates a affaiblit Rome : Les chefs de guerre populares ont eu une action militaire molle et ont freiné

l’effort de Rome contre les confédérés.

Si Rome a gagné la guerre, elle a cédé aux revendications des confédérés. La civitas est

octroyée à tous les italiens, mais pour être citoyen, il faut être inscrit sur le registre du cens, hors Sylla

va supprimer la censure. Finalement, ce n’est qu’en 70 que les italiens vont intégrer la citoyenneté.

La première conséquence est le doublement du nombre de citoyen qui passe à 900 000.

Et la deuxième conséquence est que toutes les cités de l’Italie deviennent des Municipes de citoyens

romains avec un droit romain, avec une organisation municipale propre. L’octroi de la citoyenneté va

accélérer le processus de romanisation de l’Italie.

La “révolution romaine” est la perte de pouvoir de l’aristocratie romaine au profit de l’aristocratie

italienne qui aboutit avec Auguste. C’est l’aristocratie italienne qui va faire l’Empire.

II - La guerre civile et la mainmise de Sylla

La lutte entre optimates et populares va s’incarner dans la lutte entre deux personnages : L. Cornelius

Sylla (opt.) et C. Marius (pop.). La guerre contre Mithridate va réveillé les dissensions romaines.

Agitation, guerre civile 88 - 82 et guerre contre Mithridate 88 – 85

Sylla s’illustre durant la guerre sociale et en 88 il est élu consul. Hors en 88 survient un tremblement de

terre : Mithridate Eupator, Roi du Pont envahie la province d’Asie. Sylla, prorogé dans son consulat

pour mener la guerre, se porte alors à Capoue pour y prendre le commandement des légions.

Pendant ce temps, les populares profitent de l’absence de Sylla pour confier la guerre contre Mithridate

à Marius : un plébiscite mené renverse la situation est destitue Sylla de son commandement au profit de

Marius.

Sylla revient et marche sur Rome avec ses troupes. Cette marche a été rendu possible par la réforme

marienne et c’est Marius qui en est la première victime. Sylla prend Rome, c’est le premier coup d’État

militaire de l’histoire romaine. Le Sénat sous pression déclare Marius hors la loi, ce dernier se réfugie

auprès ses vétérans en Afrique. Sylla regagne son commandement et repart en Asie.

En 87, Cinna, un chef populares est élu consul, les marianistes ravagent alors l’Italie, Rome est prise par

eux. Mais en 86, Marius meurt. Cinna règne alors en qualité de consul indéfini, imposant sa tyrannie sur

l’Italie pendant plus de deux ans. Cinna abolit toutes les dispositions de Sylla et remet aux goûts du

jours le programme des populares.

La dictature de Sylla 82 – 79

Mais Sylla victorieux en Asie conclut en 85 une paix avec Mithridate et en 83 revient à Rome. S’engage

alors une guerre civile entre marianistes et les troupes de Sylla. En 82, Sylla écrase les troupes des

populares devant Rome. Puis il envoie ses lieutenants nettoyaient l’Italie et l’Afrique des reliquats

marianistes. À Rome, il organise la proscription de ses adversaires, “nouveau moyen d’épuration” (F.

Hinard).

En décembre 82, Sylla se fait nommer dictateur à vie (Lex Valeria) avec pouvoir de réformer la

constitution et de légiférer, de conférer à son gré les magistratures et les gouvernements provinciaux.

- Il affaiblit les tribuns de la plèbe en obligeant l’approbation de la rogatio par le Sénat, en supprimant

leur droit de veto.

- Limites les lois votés par les comices par un contrôle du Sénat.

- Met en place des âges pour régler le cursus honorum.

- Il augmente le nombre de sénateurs qui passent de 300 à 600 en y incorporant ses amis.

L’oeuvre de Sylla est à bien des égards annonciatrice de l’Empire. Il assigna au Sénat une nouvelle place

: une assemblée puissante et respectée.

Sylla fut aussi soucieux de restaurer l’ordre traditionnel en se plaçant dans un cadre de restauration

religieuse. Mais il est marqué par l’hellénisme ainsi point une divinisation, Sylla est reconnu comme Felix,

une statue est dressée à son honneur, on bat monnaie à son effigie avec son nom. Sylla cherche par là

à obtenir une large adhésion du peuple et à retrouver la concorde.

De grands travaux sont entrepris et Sylla s’attache à panser les plaies des guerres civiles.

En 79, Sylla se retire et meurt en 78.

En quelques années l’oeuvre de Sylla est balayée par un Sénat incapable de gérer l’État, soumises aux

pressions des equites alliés aux populares. Par deux fois la République menacée due faire appel à

III - L’émergence de Pompée

Son rôle au côté de Sylla 88 – 79

Pompée fut le premier imperator. Fils de Pompeius Strabo, il était originaire du Picenum. Il parvient à

créer une véritable armée privée à laquelle Sylla demande appui. Il aide Sylla dans la guerre civile et est

ensuite envoyé en Afrique pour lutter contre les marianistes, avec succès. En Afrique, il se constitue une

clientèle indigène puissante, particulièrement les Numides.

Suite à ses victoire il demande à célébrer un triomphe alors qu’il ne dispose pas de l’imperium. En 79, il

obtient un triomphe contraire au mos maiorum à la fois car

- il n’a pas d’imperium

- ces victoires ont été remportées sur d’autre romain.

Il y gagne le surnom de magnus. Il tente de se faire élire consul alors qu’il est un chevalier et n’a mené

aucune carrière sénatoriale. Sylla méfiant lui refuse. Il s’allie alors à la puissante famille Metelli et se fait

l’homme du clan sénatorial.

Les succès militaires 79 – 71

En 78, le consul Emilius Lepidus qui souhaite se faire réélire au consulat tente un coup d’État. Le Sénat

fait alors appel à Pompée qui parvient à vaincre les troupes de Lepidus.

Dans les années 83-81, Sertorius, un chef marianiste avait su créer en Espagne une clientèle indigène.

Lorsque que Sylla envoya Metellus le relever de son commandement, celui-ci résista.

En 75, celui-ci tient toujours tête et à Metellus et à Pompée. Finalement après une guerre âpre, Pompée

parvient à faire assassiner Sertorius en 73. Pompée en profite alors pour se constituer une importante

clientèle espagnole.

Parallèlement explose l’insurrection de Spartacus en 74-73. Lucius Licinus Crassus s’enlise dans ce

conflit. En 71, Pompée qui est venu prêter main forte à Crassus met un terme définitif à la révolte de

Spartacus.

Par trois fois, le jeune Pompée avait sauvé la République de grave péril. Les sénateurs virent en lui un

sauveur.

Le consulat 70

En 71, Pompée est un général glorieux qui n’a toujours pas exercé de magistrature. En 70, se présente

aux élections consulaires Pompée et Crassus. Pompée et Crassus sont tous deux élus. L’élection de

Pompée et de Crassus est cependant contraire au mos maiorum. La censure est rétablie et les italiens

peuvent rentrer dans la citoyenneté.

Ainsi sont au pouvoir, deux généraux victorieux et auréolés de gloire alors que les tribuns de la plèbe et

les chevaliers retrouvent du mordant.

Une période nouvelle s’ouvre, une période marquée par l’opposition entre imperatores et traditionaliste

qui tourne à l’avantage des imperatores pour ne devenir qu’une lutte entre imperatores.

Chapitre X : Pompée et César

70 – 44

L’heure de gloire de Pompée 70 – 60

En 70, Crassus et Pompée s’entendent donc pour contraindre le Sénat à accepter leurs candidatures.

Tous deux s’efforcent de supprimer toutes les mesures syllaniennes :

- Les tribuns recouvrent leurs pouvoirs

- La censure est rétablie, les censeurs intègrent donc les citoyens italiens et rayent des listes 64

sénateurs.

- Les chevaliers sont réintroduits au détriment des sénateurs dans les jurys des tribunaux.

Pompée doit alors faire face à un triple danger :

- La piraterie en mer Égée

- Les incursions des barbares thraces en Macédoine

-          La nouvelle menace de Mithridate en Asie après la première guerre qui avait de 88 – 85

-         

Pompée et les Pirates 67

Il se chargea d’abord des pirates. Avec l’appui d’un jeune sénateur C. Iulus Caesar, Pompée obtient

grâce à la lex Gabinia le commandement suprême sur toutes les mers et toutes les côtes pendant trois

ans avec une armée de 20 légions, une flotte de 500 navires et le droit de choisir ces légats.

Jamais un imperator n’avait eu de tels pouvoirs, Rome et l’Italie était désormais soumise à Pompée qui

maîtrisait par là l’intégralité du commerce maritime et en particulier l’approvisionnement en blé de Rome.

En trois mois, de mars à mai 67, Pompée supprimer la piraterie en Méditerranée.

Pompée et Mithridate : La troisième guerre de Mithridate 68 – 63

En 65, il lança sa campagne contre Mithridate. La lex Manilia lui confirmait l’imperium pour une durée

illimitée et lui donnait le commandement de la guerre ainsi que le droit de conclure alliances et traités.

Au bout de deux ans, il parvint à vaincre le Roi du Pont (en 63), à conquérir la Syrie et prendre

Jérusalem (63). Il réorganisa les provinces d’Orient, Pompée se révéla un brillant administrateur.

En 61, il rentre à Rome après avoir vaincu 14 nations.

L’ascension de César et le triumvirat 60 - 50

À son retour à Rome, Pompée jouit d’un prestige immense. Aurait-il pu instaurer une monarchie ? Peut

être, mais bien qu’il ait eut les moyens de prendre le pouvoir, le cadre constitutionnel était à ces yeux

trop important. En outre, César en son absence avait miné le terrain, en 63 il fut élut grand pontife.

À Rome le contexte à changer pendant son absence, la conjuration de Catilina est déjouée en 63 mais

la menace gronde. Le parti de l’ordre était ressoudé et Pompée pouvait croire son heure venue.

Pompée triomphe en septembre 61 et un complexe immense et construit à sa gloire sur le champs de

Mars.

N’ayant envie de rallumer la guerre civile, il conclut à l’été 60 avec César et Crassus, un pacte secret : le

triumvirat.

Le triumvirat 60 – 54

Durant que Pompée se battait en Orient, Rome était plus que jamais divisé entre populares et

optimates, une lutte de personnes et d’ambitions entre César et Crassus. entre Cicéron (un homo novus)

et Catilina.

En 60, César revient d’Espagne, il brigue le consulat pour 59. Le triumvirat est conclut : Crassus avait

l’argent, Pompée le prestige militaires et César la plèbe et les populares.

César fit ratifier les actes de Pompée.

César et la guerre des Gaules 58 – 51

En 59, la lex Vatinia lui confie pour cinq ans à partir de 58 du proconsulat de la Gaule cisalpine et de

l’Illyrie puis de la Gaule narbonnaise. César en quête de gloire se lance à la conquête de la Gaule. En 52,

César est défait à Gergovie mais vainc Vercingétorix à Alésia. En 51, les dernières révoltes ont lieu.

César est grandit par ces conquêtes, auréolé de gloire alors qu’à Rome, les deux autres triumvirs

s’usent.

La dernière chance de Pompée en 52

À Rome, César a laissé Clodius qui est tribun de la plèbe en 58 : il organise des distributions gratuites

de pain, fait exiler Caton le jeune, bannit Ciceron. Rome lui obéissait terrorisait par ses bandes armées.

Pompée et Crassus sont désemparés, le Sénat ne leur faisant confiance, ils sont paralysés. En 56, à

Lucques, le triumvirat renouvelle son accord : Pompée et Crassus renouvelleront le proconsulat de

César en échange du consulat pour 55 obtenu grâce aux pressions exercées par les soldats

permissionnaires de César envoyés à Rome, puis Pompée irait en Espagne et Crassus en Syrie.

Le Sénat ne réagit pas, enfermé dans ces luttes de clan et refuse toute alliance avec Pompée. Crassus

meurt en 54 au cours de sa guerre contre les Parthes. Ne restait que César toujours en Gaule et

Pompée qui était à Rome.

L’anarchie est à son paroxysme en 54 - 53, les rues de Rome sont les scènes de multiples combats

entre les bandes de Clodius, chef des populares et de Milon appuyé par les optimates. En 52, le Sénat

incapable de maintenir l’ordre recourut à un senatus-consulte ultime confiant à Pompée le consulat en

même temps qu’un imperium pro-consulaire.

Pompée parvint à rétablir provisoirement la paix. Pompée obtient là sa dernière chance : auréolé de

gloire, il est le maître de Rome, le princeps et bénéficie de l’appui du Sénat.

En 50, César est dessaisi de ses pouvoirs, le Sénat refuse de la proroger, c’est la rupture avec

Pompée. Le 17 décembre 50, il franchit le Rubicon.

III - La guerre civile 50 - 45

La guerre civile entre César et le parti sénatoriale avec en chefs de file notamment Pompée et Caton qui

incarne la République traditionnelle.

La lutte en apparence est disproportionnée car le parti sénatoriale multiplie les atouts :

- Maîtrise la vie politique romaine

- Contrôle l’Italie qui est une source de richesse humaine et financière

- Dispose de la force du monde orientale

- À la capacité à multiplier les troupes

César lui n’a qu’une armée et la Gaule. Mais son armée est soudée et elle lui est dévouée.

La guerre en Italie 49

En 50, César franchit le Rubicon et occupe le Picenum, l’Étrurie et l’Italie centrale. Les cités italiennes

ouvrent leurs portes à César. Son armée extrêmement disciplinée ne commet quasiment aucun pillage.

César marche alors sur Rome.

Le Sénat fuit alors Rome. Pompée compte sur l’Italie du sud, l’Orient et la péninsule ibérique. Le Sénat

fuit en Campanie, en Lucanie puis en Orient. Ils commettent là une erreur fondamentale : non seulement

ils quittent la capitale mais en plus ils ont laissé le trésor. César avait désormais les moyens financiers

de faire la guerre.

César fond alors sur ses adversaires. En 49, Corfinium est prise à Domitius Ahenobarbus. Celui-ci aurait

pu être aidé par Pompée, mais en raison des dissensions du parti sénatoriale, Pompée n’intervient pas.

César gracie Ahenobarbus, c’est la clementia de César qui sera une des vertus de l’Empereur, et

récupère à son compte ses troupes.

Pompée décide alors de quitter l’Italie pour se réfugier en Orient. César ne le poursuit pas et s’en prend

d’abord à l’Espagne qui est contrôlée par les généraux pompéiens. Il y mène une guerre éclaire et

s’empare très rapidement de l’Espagne. “J’ai vaincu une armée sans général”. En 49, l’Espagne est

sous contrôle césarien. Une ville lui a durement résisté : Marseille qui sera durement réprimée.

La guerre en Illyrie 48

César traverse alors l’Adriatique au début 48. Les troupes de César n’ayant pu toute franchir

l’Adriatique, celui-ci se résout quand même à affronter Pompée à Dyrrachium. César échoue à prendre la

ville, la polyorcétique n’est décidément pas le fort de César. Le problème est que César n’a pas de

flotte et que Pompée maîtrise la mer. Mais Pompée n’exploite pas sa victoire.

César porte la guerre aux environs de Thessalonique et en août 48, les deux armés rassemblant en tout

près de 100 000 citoyens s’affrontent à Pharsale. L’armée sénatoriale possède une écrasante

supériorité numérique et de l’appui des rois orientaux. “Je vais me battre contre un armée sans général”.

La bataille fut vite réglée : César enfonce l’aile gauche de Pompée, ce dernier fuit alors le champs de

bataille suivit de ses généraux. L’armée sénatoriale est alors écrasée par les troupes césariens. César

devient alors le maître de l’Empire

La guerre en Egypte 48 – 47

Mais César décide de poursuivre Pompée qui se réfugie en Égypte.

En Egypte, le roi Ptolémé Aulete est un ami de Pompée. Mais celui-ci est mort et une lutte pour le trône

s’est enclenchée entre les enfants de sa première épouse avec à leur tête Cléopâtre et les enfants de sa

seconde épouse Ptolémé XII.

Pompée laisse son armée à l’écart des conflits et pense qu’il va être bien accueilli. Mais Ptolémé XII qui

craint César l’exécute.

César arrive peu après et on lui amène sur un plateau la tête de Pompée. Il pleur beaucoup et châtie les

assassins de Pompée. Séduit par Cléopâtre, il prend fait et cause pour elle. À Alexandrie, il subit un

siège et doit résister jusqu’à l’arrivée de ses renforts.

Cléopâtre reçoit donc le trône de César et tous deux entament une croisière sur le Nil.

La guerre en Asie 47

En 47, le fils de Mithridate reprend les hostilités contre Rome et envahit la province d’Asie. César le

terrasse à la bataille de Zela et prononce à cette occasion son fameux Veni, Vidi, Vici. César met sur le

trône du Pont un Roi client.

Ensuite, il repart immédiatement à Rome. Il se fait nommer dictateur et consul puis dictateur à vie afin de

mettre fin à la guerre civile.

La guerre en Afrique 46

En effet, en Afrique, le fils de Pompée, Caius Pompée, Caton, et d’autres ... se sont allés au Roi de

Numidie Juba Ier qui n’appréciait pas la menace que faisait peser sur lui l’implantation par les populares

de colons.

À peine arrivé à Rome, César repart donc en Afrique. Là il y mène une guerre difficile en raison de la

présence de grands généraux et de contingents importants, de plus il a des problèmes pour faire

parvenir des renforts.

En octobre 46, face à un Scipion, César remporte la bataille de Thapsus au cours de laquelle la plupart

des généraux républicains sont tués.

La présence de Juba permet à César de faire passer la guerre comme étant une guerre extérieure et

donc de prétendre au triomphe.

De retour à Rome en 46, César qui n’a jamais fait de triomphe célèbre un quadruple triomphe sur la

Gaule, l’Egypte, le Pont et l’Afrique.

La guerre en Espagne 45

En Espagne, les fils de Pompée Caius et Sextus ont réunis une grande armée. Ils sont défaits en 45 à la

bataille de Munda. Cette bataille fut difficile.

Les réformes de Jules César

En 45, il rentre à Rome et prolonge sa dictature et porte le titre d’imperator et se fait accorder la sacrosainteté

tribunicienne. Il entreprend alors un vaste programme de réforme :

- Il fait de Rome la capitale de l’Empire en mettant en oeuvre un ambitieux programme

urbanistique : monuments gigantesques, en pierre, le forum, le circus maximus. Il engage un projet de

transformation radicale de Rome donnant par la même du travail aux miséreux.

- Il développe la romanisation, l’urbanisation des provinces afin de les intégrer à Rome, de faire

de l’Empire un espace cohérent.

- Il allège le poids qui pesaient sur les provinces en remplaçant l’adjudication des publicains par

un impôt direct.

- Il règle le lourd problème des dettes en Italie.

- Il chase près de 20 000 familles sur des terres de l’ager publicus.

César a compris que la République n’est pas capable de gouverner l’Empire, la cité-État est inadaptée

à la gestion d’un empire.

Voulait-il être Roi ? César veut introduire un système différent.

Une conspiration de 24 conjurés des pompéiens et des césariens l’assassinent à leur tête Cassius et

Brutus le 15 mars 44. Les conjurés ont longuement débattu sur l’assassinat de Marc-Antoine, finalement

il aura la vie sauve.

Mais les conjurés n’ont pas de projet commun, ce qui les réunissaient c’était la volonté d’assassiner le

dictateur. De plus le peuple ne les suit pas, l’armée ne les suit pas et les césariens sont puissants.

Le tyran est mort mais son héritage est intact.

Tant par son cadre matériel que par ses moeurs et les institutions nouvelles, la vieille Rome n’était plus.

Chapitre XI : Le second triumvirat

44 - 31

Le second triumvirat est-il un appendice de la république ? Un prologue du Principat ? Le seconde

triumvirat est un pont entre la République et le Principat. Cette période est caractérisée par une guerre

civile.

Contrairement au premier triumvirat, le second est issu d’un acte législatif, en novembre 43 la Lex Titia

définit les pouvoirs des triumvirs : pouvoirs constituants, pouvoirs consulaires, leurs édits avaient force

de loi, ils nommaient aux magistratures, ils se partageaient les provinces. Le triumvirat existe donc

institutionnellement et juridiquement. Ils sont :

- Lépide

- Octave

- Marc - Antoine

Leur but est de rétablir la République et de venger César : le triumvirat marque la victoire totale des

césariens qui se partagent le pouvoir.

Entre 44 et 42, ils luttent contre les césaricides en Orient.

En 43, une nouvelle proscription est organisé, Cicéron est l’une des victimes. Les biens des proscrits

sont confisqués. Mais l’essentiel est de lutter contre l’armée des césaricides.

En octobre 42, les batailles de Philippes voient s’affronter les troupes de Marc-Antoine et d’Octave

contre celles de Cassius et Brutus.

Si Marc-Antoine défait Cassius, Octave est défait par Brutus. Cassius qui croit que Brutus a échoué ce

suicide. La deuxième bataille est remporté par les troupes des césariens.

L’échec des troupes républicaines met fin à la République. Elle agonisait, elle vient de mourir.

Il ne reste donc que les 3 triumvirs qui se partagent le monde. Entre 42 et 31, les trois hommes luttent

entre eux.

De 42 à 36, Antoine et Octave se partage l’Empire (Traité de Brindes en 40).

Octave reçoit l’occident et défait Lépides puis S. Pompée en 36 (Victoire d’Aggripa à Nauloque).

Marc-Antoine part en Orient. C’est l’épisode avec Cléopâtre. Il est contraint à la rupture par Octave en

33.

Octave reprend l’héritage de César : le titre d’imperator, la puissance tribunicienne. Il restaure la paix et

poursuit les travaux de son oncle : travaux publics, restauration religieuse, ...

En 32, il prononce un discours devant le Sénat qui exigeait de tous d’un serment à sa personne

devenant le pinceps.

En 31, Aggripa, général d’Octave, défait Antoine à Actium.

Octave rentre à Alexandrie en août 30, Antoine s’est suicidé peu de temps avant.

Le 11 janvier 29, les portes du temple de Janus se referment, la paix est rétablie.

Def ;

Censeur = Le censeur romain est un magistrat. Deux censeurs sont élus tous les cinq ans parmi les anciens consuls, pour 18 mois leur principale fonction est le cens, recensement quinquennal des citoyens par niveau de fortune, une pratique administrative qui remonte, selon la tradition, au roi Servius Tullius.

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